Le 22 septembre, le président de la région Pays de la Loire présentait son plan contre les zones blanches de couverture mobile. A cette occasion, l'appli Gigalis a été présentée. Elle emprunte son nom au syndicat mixte des collectivités des Pays de la Loire, opérateur de fibre optique pour les entreprises, qui a financé son développement. Développée par QoSi, dont le DG Fabien Renaudineau avait fait le déplacement pour une démonstration, l'appli Gigalis se propose de faire effectuer aux Ligériens des tests de performance de leur connexion mobile là où ils se trouvent et d'agréger ces résultats afin de présenter une cartographie fine et carroyée (1) de la présence de chaque opérateur sur le territoire.
En effet, alors même que l'Arcep ne fait état que de 22 zones blanches dans toutes la région, les retours locaux semblent différer. Maurice Perrion et Philippe Henry, deux élus régionaux centristes venus appuyer les propos du président, témoignent de l'omniprésence du sujet de la piètre qualité du réseau au cours des réunions publiques en milieu rural. Pour Bruno Retailleau, "avec la démographie médicale, le manque de couverture mobile est perçu comme le principal symbole de la relégation des territoires".
Marquer les esprits pour faire pression sur l'Arcep et son protocole de mesures
QoSi proposant également ses solutions de crowdsourcing aux opérateurs et à l'Arcep pour leurs propres mesures, l'innovation des Pays de la Loire n'est pas tant technologique, que politique. "On ne croit qu'en nous-mêmes", résume Bruno Retailleau. Face à des opérateurs rechignant à investir dans les territoires peu denses (deux d'entre eux viennent d'être sanctionnés par l'Arcep, voir notre édition du 23 septembre ci-contre) et une autorité de régulation dont "le thermomètre est cassé", la région prend les moyens de se munir de ses propres mesures afin de faire pression sur les acteurs nationaux. Les élus comptent donc bien mobiliser leurs réseaux, pour mettre l'appli Gigalis entre toutes les mains : agents des collectivités locales, lycéens dont les établissements dépendent de la région, et peut-être demain agents de la Poste. Pour que tester la qualité de sa couverture mobile s'assimile à un acte citoyen.
Faire un exemple
En tentant de cristalliser le mécontentement rural pour favoriser l'adoption de son appli, le conseil régional souhaite faire un exemple et emmener d'autres collectivités avec lui. Bruno Retailleau plaide pour alimenter les associations de collectivités en données et ainsi engager une épreuve de force avec l'Etat pour redéfinir les termes de la couverture mobile des campagnes, preuves à l'appui. Les élus régionaux se plaignent du manque d'investissement financier, mais pas seulement. "Alors qu'il existe des schémas pour le très haut débit fixe, on n'a pas l'équivalent pour le mobile, alors même que ce sujet nécessite également une stratégie", soutient le président de région. Reste à savoir si cette tentative d'opposer d'autres données de couverture à celles fournies par l'Arcep restera une initiative politique locale ou changera la donne du rôle des collectivités dans le mobile, à plus grande échelle.
Pierre-Marie Langlois / EVS
(1) Les observations remontées par les utilisateurs sont regroupées en carreaux et retraitées statistiquement, pour permettre une représentation spatiale lisible et uniforme des données.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFomK%2Bdk2K5orzPpaBmn5mcrq210majmmWimrSqu81mp5qxo2KxpnnLmmSlp5mnsm7CxK6rZpuipMSlv86uqZydomK5pr%2BMs6annaNir62tzZyfnqs%3D