Si Procos, la fédération du commerce spécialisé, ne souhaite plus communiquer sur le taux de vacance commerciale, afin d'éviter de "porter" une vision pessimiste du secteur, la fédération témoigne de difficultés très fortes du secteur. 2017 est une année atone pour le commerce spécialisé, avec une activité en recul de 0,2% par rapport à 2016. "Le rebond du troisième trimestre n'a pas été confirmé par la suite, et tous les types d'emplacement sont concernés", a expliqué ce 18 janvier Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, lors d'une conférence de presse centrée sur ce bilan de l'activité du commerce spécialisé l'an dernier. Pendant ce temps-là, les ventes sur internet ont largement progressé : +14% sur l'année 2017.

Un net ralentissement des autorisations de surfaces commerciales

Au final, on aboutit à "zéro croissance" – "les médiocres ont disparu, les bons survivent, les excellents vivent", a pour sa part déploré André Tordjman, administrateur de Procos. Les magasins situés en périphérie ont toutefois mieux résisté que ceux de centre-ville. Et en centre-ville, si les centres commerciaux arrivent à résister (+0,2%), les magasins situés en pied d'immeuble subissent une baisse (-1,2%).
Côté autorisations de surfaces commerciales, il y a un net ralentissement, avec une baisse de 14,8% par rapport à 2016. Les secteurs de l'équipement de la personne (-41%) et du sport (-39%) sont surtout impactés, alors que d'autres, comme les jardineries (+46%) ou l'équipement de la maison (+25%), enregistrent de belles hausses. Le format retail park fait toujours des émules : il représente 65% des volumes autorisés contre 50% en 2011. Procos note un rythme "vraiment moins soutenu que dans les années 2000" pour les autorisations données par les commissions départementales d'aménagement commercial (CDAC) et la Commission nationale d'aménagement commercial (Cnac) qui "confirme une baisse structurelle".
Depuis la loi "ACTPE" de 2014, les CDAC et Cnac ne se prononcent plus sur les projets de moins de 1.000 m2, qui nécessitent seulement une demande de permis de construire classique. Les volumes autorisés les plus importants se concentrent autour des grandes agglomérations où la densité commerciale par habitant est la plus faible (Ile-de-France, Rhône, Nord, Bas-Rhin, Hérault…). "Les gros projets sont localisés en Ile-de-France, là où il y a une sous-densité commerciale, mais cela pose un problème car c'est aussi dans ces grandes métropoles que les commerces ont les meilleurs rendements", a détaillé Emmanuel Le Roch.
L'évolution des permis de construire est quant à elle en légère hausse (+ 5,5%). Les surfaces commerciales mises en chantier se concentrent surtout sur les façades atlantiques et méditerranéennes. Enfin, les mises en chantiers de projets sont comparables à 2016, à 3,28 millions de mètres carrés.

Une évolution de la fréquentation négative en centre-ville

Au-delà de ces données, Procos a annoncé le lancement d'un observatoire visant à mesurer la fréquentation des commerces, à travers un partenariat avec Stackr, fournisseur international de solutions de capteurs et de data intelligence. D'après les premières données mesurées, la fréquentation est en baisse de 1% en 2017, après une baisse de 6,1% en 2016. Les centres-ville de province sont impactés (-2%), la périphérie légèrement moins (-0,7%). Pour l'Ile-de-France, les valeurs sont positives, que ce soit à Paris (+0,7%) ou en périphérie (+0,5%). En mettant de côté la capitale et sa périphérie, "les centres-ville ont toujours une évolution plus négative que la moyenne", affirme Franck Zulian, président de Stackr.
Satisfait que le gouvernement se préoccupe des villes moyennes dans le cadre du plan Action Cœur de ville, Procos estime d'ores et déjà que le programme pourrait être plus étendu. "C'est une bonne approche", même si "d'autres territoires pourraient être pris en compte, pas seulement par le prisme de la vacance commerciale, mais aussi de leurs difficultés et des fermetures à venir", a ainsi déclaré Emmanuel Le Roch. Tel que présenté par le ministre de la Cohésion des territoires le 16 janvier lors d'un débat organisé à l'Assemblée nationale, le plan devrait cibler un panel de 200 à 250 villes petites et moyennes sur le quinquennat. En notant en outre qu'une instruction publiée le 17 janvier fournit aux préfets de région les modalités de recensement des territoires qui pourront bénéficier du programme. Pour Emmanuel Le Roch, il faudrait permettre aux collectivités de définir des périmètres sur lesquels il y aurait besoin d'une action. "Il y a des régions qui ont la capacité de dégager des budgets, comme en Bretagne, pour la revitalisation des commerces", a-t-il ajouté.

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