Quel est l'impact financier de l'étalement urbain et des mobilités qu'il induit, pour les ménages et les collectivités ? Telle est la question à laquelle se propose de répondre un travail de recherche publié par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) en décembre 2015. Afin de le quantifier, le Credoc propose de bâtir un indicateur de "coût résidentiel global" qui prendrait en compte le 'coût résidentiel' incombant directement aux habitants concernés, et le 'coût collectif', qui est supporté par toute la population via les investissements des pouvoirs publics nationaux et territoriaux. Il s'agit ainsi, précisent les auteurs en introduction, de "nourrir la réflexion des collectivités territoriales sur la maitrise de l'urbanisation et des excès de l'étalement urbain."

Les auteurs reconnaissent que l'évaluation des coûts publics de la périurbanisation, qu'ils soient directs (création d'extension de voirie, d'extension de ligne de transports collectifs, création de services publics, de zones d'activités) ou indirects (amputation des surfaces agricoles, disparition d'espaces naturels), ainsi que de ses éventuels bénéfices (en termes de recettes fiscales, démographie, économie locale), est difficile à opérer. Ils notent toutefois que les études existantes "suggèrent" qu'un développement urbain plus compact – plus dense et moins étalé – est positif sur le rapport coût-efficacité des services publics.

C'est donc surtout le coût résidentiel pour les ménages, et en particulier l'impact des déplacements domicile-travail, que l'étude s'est attachée à mesurer. Face à l'augmentation du poids des dépenses de logement ces dernières années, de nombreux ménages sont contraints de s'éloigner des centres urbains pour retrouver des prix du foncier moins élevés. Cependant, cet éloignement engendre de nouvelles contraintes en termes de déplacements, en particulier pour les trajets domicile-travail, mais parfois également pour l'accès aux commerces, aux services ou aux loisirs.

Le coût résidentiel représente 46% des ressources d'un ménage

Le Credoc évalue la dépense médiane liée aux trajets domicile-travail pour les seuls ménages actifs à environ 400 euros par an ou, rapporté au budget total, 1,1% des revenus. Les dépenses dédiées aux trajets domicile-travail augmentent avec le revenu mais la part des ménages pour lesquels ces dépenses représentent une charge importante est plus importante au sein des revenus modestes. Près de 30% des ménages ont un taux d'effort supérieur à deux fois la médiane. Ce sont beaucoup plus souvent des ménages à faibles revenus (plus de 40% des ménages des deux premiers déciles), souligne l'étude. Au total, une fois prix en compte le coût du logement, le coût résidentiel, ramené au niveau de vie médian des Français, représentait 46% des ressources réellement disponibles d'un ménage en 2006 (date de la dernière enquête Insee-Budget de famille), ce qui constitue un taux d'effort élevé.

"Ce ne sont pas les prix de l'énergie ou du carburant, relativement stables sur les trente dernières années, qui précipitent les ménages dans la vulnérabilité du fait du coût du logement et de la mobilité, mais l'augmentation non maîtrisée des coûts de l'immobilier et des besoins de mobilité", concluent les auteurs. Pour eux, la lutte contre l'étalement urbain ne s'avérera efficace que reliée "aux objectifs de la ville durable, en matière de prix de l'immobilier, d'accès à l'emploi, aux services, aux réseaux de transports en commun, et aux réseaux d'énergie." A charge, pour les collectivités, de prendre en compte le coût résidentiel dans leurs politiques d'urbanisation. 

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