Face à des incendies qui "s'intensifient sous l'effet du changement climatique et touchent de plus en plus de régions, jusqu'à présent épargnées", le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili ont présenté, lors d'une visite dans le Var ce 2 juillet, le dispositif national de lutte contre les feux de forêts. Localisé dans la zone sud, la plus touchée par ces sinistres, il aura vocation à intervenir dans tout le pays, notamment pour tenir compte de la vulnérabilité du massif landais ou encore de la remontée des feux d'espaces naturels vers le centre et le nord de la France, souligne le gouvernement.
Renforcement du dispositif dans la moitié nord
"Historiquement, notre pays est configuré pour des renforts allant du Nord vers le Sud mais aujourd'hui tout le territoire est concerné", a expliqué le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSPF), Eric Brocardi. La Sécurité civile a en conséquence renforcé le dispositif de lutte contre les incendies dans la moitié nord en installant trois nouveaux pélicandromes - des aérodromes où les appareils de lutte contre les incendies peuvent se poser et se charger en eau notamment - à Méaulte (Somme), Châteauroux et Angers, a précisé le commandant Alexandre Jouassard. Au total, 19 avions et hélicoptères bombardiers d'eau, trois avions de reconnaissance et jusqu'à 2.500 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs seront mobilisés chaque jour pour lutter contre ces incendies, a précisé le porte-parole de la Sécurité civile, le commandant Jouassard. "L'objectif est d'avoir une première intervention dix minutes après chaque départ de feu", a-t-il expliqué à la presse.
Quand le changement climatique aggrave le risque
Depuis 2010 notamment, le changement climatique provoque régulièrement des épisodes de canicule prolongés qui font grimper le risque d'incendie dans toutes les régions. Même si cet été ne semble a priori pas porteur de "risques majeurs", "nous restons vigilants", a relevé le porte-parole de la Sécurité civile. D'autant qu'une majorité des départements métropolitains risquent d'être exposés à la sécheresse, facteur aggravant des départs de feu, rappelle le gouvernement.
En France, les deux derniers étés avaient connu des niveaux élevés de surfaces brûlées : 17.400 hectares en 2020 (dont 11.400 de forêt), après 23.500 hectares en 2019. Cela reste toutefois largement en dessous des années de canicule et d'incendies historiques (73.000 hectares en 2003, plus de 80.000 en 1976). Mais à terme, "en 2050, la moitié des surfaces boisées du pays pourraient être concernées par un risque élevé de feux de forêts", avec "des sécheresses plus intenses" et des risques étendus "vers le Nord et l'Ouest", selon le commandant Jouassard.
Ce phénomène est déjà visible dans plusieurs pays d'Europe, avec des incendies qui ont touché la Suède il y a deux ans et la Sibérie l'an passé. Et les jours passés, les feux de forêts se sont multipliés également dans l'ouest du Canada et des Etats-Unis à la suite de records de températures. "La situation est complexe, a confirmé sur RTL ce 5 juillet Grégory Allione, directeur du service départemental d'incendie et de secours des Bouches-du-Rhône (SDIS 13) et président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Au Canada, vous avez en ce moment un dôme de chaleur. Les experts météo nous disent que cela pourrait avoir lieu également dans notre pays. La sécheresse fait son œuvre, notamment dans la partie audoise, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales ; la partie Bouches-du-Rhône, la partie plus au sud de Paca est aussi mise sous contrainte. Il a plu hier, cela nous donne quelques jours de répit (…). Ce qui est dramatique, c’est que tout notre pays est soumis, à cause du climat qui change, à la même pression liée au départ de feux."
Relance de la campagne de prévention
En France, un feu sur deux est lié à une intervention humaine (malveillance, imprudence, négligence), a rappelé le gouvernement, qui relance une campagne de prévention et de sensibilisation axée sur les comportements à adopter pour éviter les imprudences et les départs de feux, ainsi que sur les conseils pour se protéger en cas de feu. Au-delà des forêts, "les bords de route, les terrains agricoles, les friches, les landes, les garrigues, les maquis, etc. sont également des espaces sensibles au départ de feux" et créent des risques pour les habitations et forêts qui les jouxtent car le feu peut s'y propager rapidement, ajoute le gouvernement qui rappelle les précautions à prendre pour réduire le risque de départ de feux de végétation. Parmi celles-ci : ne pas faire de barbecue ou de feu à proximité de végétaux, ne pas jeter ses mégots en forêt, par terre ou par la fenêtre d'une voiture, ne pas utiliser d'outils susceptibles de provoquer des étincelles (meuleuse, disqueuse, débroussailleuse, poste de soudure etc.), ou ne le faire qu'aux heures les moins chaudes de la journée, et enfin ne pas stocker de combustibles (bois de chauffage, peintures, solvants, citernes de fuel ou de gaz) près des habitations.
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