La question mérite en tout cas d'être posée au vu des piètres résultats du label "Destination pour tous", destiné à "valoriser des territoires proposant une offre touristique cohérente et globale pour les personnes handicapées, intégrant à la fois l'accessibilité des sites et des activités touristiques, mais aussi l'accessibilité des autres aspects de la vie quotidienne et facilitant les déplacements sur le territoire concerné".
Créé à titre expérimental le 17 janvier 2011 (voir notre article ci-contre du 19 janvier 2011), puis généralisé à quelques jours du premier tour des présidentielles (voir notre article ci-contre du 12 avril 2012), ce label était supposé succéder au label "Handi vacances", lancé en 2009-2010, mais qui s'est révélé un échec, notamment du fait de sa dénomination jugée discriminante.

Une relance qui tombe à l'eau

Après être resté au point mort durant plusieurs mois pour cause d'alternance, le label "Destination pour tous" a finalement été relancé à l'automne dernier, avec la publication d'un calendrier et d'un appel à candidatures en bonne et due forme (voir notre article ci-contre du 30 septembre 2013). Le résultat de ce lancement officiel pourra difficilement passer pour un succès. Au 31 décembre 2013 - date limite de dépôt des dossiers -, seules quatre candidatures avaient été reçues : Binic (Côtes d'Armor), Bordeaux, le Pays du Voironnais (Isère) et le comité départemental du tourisme de l'Aude pour le canal du Midi. Ces candidatures sont en cours d'examen. A noter : Bordeaux et le canal du Midi faisaient déjà partie des six sites pilotes retenus pour la phase expérimentale. Selon le calendrier annoncé en septembre dernier, les candidatures doivent faire l'objet d'une présélection en janvier 2014 - ce qui ne devrait pas prendre trop de temps - avant une phase d'audit de février à avril et la délivrance des premiers labels en mai 2014.
Mais, sans attendre les résultats de cette première vague, l'association Tourisme & Handicap - qui gère le label "Destination pour tous" pour le compte des pouvoirs publics - lance un nouvel appel à candidatures, avec des délais nettement moins serrés. Les dossiers peuvent en effet être envoyés jusqu'au 30 juin 2014, pour une présélection en septembre. Les audits interviendront de septembre à novembre et les labels ne seront pas délivrés avant décembre 2014...

Un manque de visibilité

Détail qui a toute son importance : l'association Tourisme & Handicap gère aussi le label du même nom. Selon le portail des marques du tourisme, mis en ligne en juin dernier par la DGCIS, le label "Tourisme et handicap" compte 5.258 références, bien loin des quatre candidats actuels de "Destination pour tous". La vocation des deux labels est certes différente : "Destination pour tous" répond à une approche très globale et transversale de l'accessibilité, alors que "Tourisme et handicap" atteste l'accessibilité d'un site ou d'un équipement donné. Mais cette coexistence ne facilite pas la lisibilité de l'ensemble, d'autant plus que l'association prépare également - même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un label - le lancement des "Trophées du tourisme accessible". Sans oublier que certaines associations de personnes handicapées publient leurs propres guides du tourisme accessible...
S'ajoute, pour "Destination pour tous", le fait de succéder à un label mort-né ("Handi vacances"), ou encore la complexité de la procédure (le jury compte pas moins de quatre collèges, qui vont se partager les quatre malheureuses candidatures...). Si les associations demandent à juste titre de dépasser la simple approche par équipement - à quoi sert une plage accessible si aucun hôtel ou camping de la commune ne l'est ? -, une approche trop exhaustive pourrait bien se révéler pénalisante à l'usage.

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