Le passe Navigo au tarif unique de 70 euros dans les transports en commun d'Ile-de-France, promesse électorale de la majorité régionale PS-EELV, a été voté ce 10 décembre. Cette délibération, adoptée lors du conseil d'administration du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), acte une mise en place de cette mesure pour "la rentrée 2015". A cette date également, "le passe unique sera élargi à la carte Imagine R" dont bénéficient actuellement 825.000 jeunes. Pour les étudiants, le prix sera fixé au tarif de la zone 1-2 hors mesure d'aides aux boursiers, après concertation avec les organisations étudiantes. Pour les élèves du secondaire (collèges et lycées), la mise en oeuvre sera réalisée "après discussions avec les conseils généraux" (qui subventionnent ce dispositif) et "après consultation des parents d'élèves", dont certains ont émis des craintes sur le fait de voir l'ensemble du territoire francilien accessible à leurs enfants. La tarification sociale, pour les plus démunis (chômeurs, bénéficiaires de la complémentaire universelle, de l'aide médicale d'Etat, etc.), "entre également dans le champ de la réforme": le "tarif mensuel unique sera de 17 euros", l'hebdomadaire de 5 euros.
Pour la majorité de gauche (PS, EELV, Front de gauche - communiste, MRC), la "révolution du passe unique est un facteur d'unité régionale, vecteur de transition écologique, facteur de compétitivité pour les entreprises franciliennes, et formidable outil de redistribution de pouvoir d'achat". Elle donne à titre d'exemple l'économie réalisée pour un couple devant faire des trajets Paris-grande couronne, estimée à 500 euros par an, ou pour un étudiant non boursier une économie de 400 euros par an.
Polémique sur le financement
Le financement de cette mesure, estimé à 400 millions d'euros par an (chiffre contesté par la droite), sera réparti entre les entreprises qui vont subir une hausse du versement transports (VT), validé par les députés le 5 décembre en loi de finance rectificative (lire ci-contre notre article du 8 décembre). Cette taxe relevée devrait rapporter 210 millions, il reste donc à la région à abonder la soulte. Ce que Jean-Paul Huchon, président PS du conseil régional, s'est engagé à faire sans toucher au budget Transports, et donc aux investissements, si importants pour l'amélioration d'un réseau vétuste et saturé. Mais les élus régionaux UDI comme UMP doutent fort de ce scénario. Les élus UMP du Stif ont donc voté contre la délibération, à l'exception de l'élu UMP du Val-d'Oise qui s'est abstenu. Trente-huit parlementaires franciliens UMP, dont la chef de file de l'opposition régionale Valérie Pécresse et celle de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet, mais aussi François Fillon, Patrick Devedjian, Gilles Carrez, Yves Albarello et David Douillet ont dénoncé un "cadeau empoisonné", qui va engendrer "immanquablement des impôts en plus et des investissements en moins", dans une tribune publiée dans le Huffington Post. Pour eux, le montant que devra dégager la région pour financer le passe unique se monte à 300 millions d'euros : "c'est 12% des crédits de fonctionnement de la région, deux fois le budget de rénovation des lycées. Qui peut en un an économiser autant ? Qui peut le croire alors que les dépenses régionales n'ont cessé d'augmenter ?"
Interopérabilité du ticket de transport
A noter aussi, le conseil d'administration du Stif de ce 10 décembre a donné son feu vert à l'"interopérabilité" du ticket de transport, défendue par les élus écologistes : autrement dit, les non abonnés pourront avec un même ticket circuler une heure trente sur l'ensemble du réseau en prenant métro, bus et tram avec le même ticket. Selon un communiqué des élus EELV au conseil régional, les détails pratiques et le financement seront abordés dans de futures discussions budgétaires pour une mise en place en 2016. "C'est une grande avancée pour la mobilité en Ile-de-France, s'est réjoui Mounir Satouri, président des élus écologistes franciliens. Le système actuel est aberrant, incompréhensible pour les Franciliens comme pour les touristes. Circuler sur le territoire sera enfin plus simple !" "L'Ile-de-France était la seule grande métropole européenne à ne pas avoir mis ce système en place, a ajouté Pierre Serne, vice-président Transport à la région et vice-président du Stif. On prend enfin en compte cette demande des usagers."
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFooKWdXZmybrLRmqWcnV2hsm68wKyqnmWelsOqs85mmK5lpJa%2FqrKMrqWiqaWaeqWxjHBnZp2lp7y0ecSsq2aZlKS9tbE%3D