"Au départ un constat : si les grandes surfaces de distribution donnent déjà leurs invendus aux associations caritatives, en revanche, les moyennes et petites surfaces ont du mal à s’organiser, notamment en raison de difficultés logistiques", explique le chargé de mission à la direction du développement durable de l’agglomération Tour(s)plus, Guillaume Ray. "Pourtant ces invendus représentent un gisement pour les associations caritatives qui s’avèrent très concurrentielles sur ce point."

Impliquer les partenaires et organiser les relations entre associations caritatives

Les collectivités, en particulier Tour(s)plus qui coordonne le projet, ont souhaité impliquer les organismes concernées, tout en clarifiant le rôle de chacun. Outre la ville et l’agglomération (22 communes, 296.500 habitants), le comité local de lutte contre le gaspillage alimentaire réunit Touraine Propre - le syndicat mixte de valorisation des déchets d’Indre-et-Loire - , les grandes et moyennes surfaces, ainsi que les associations caritatives du territoire, comme la Croix Rouge, la Banque alimentaire, le Secours populaire et les Restos du cœur. La banque alimentaire de Touraine est missionnée pour réaliser la collecte des invendus et les redistribuer aux autres associations.

Circuit de traitement et date limite de consommation

L’une des difficultés à surmonter est liée à la date limite de consommation (DLC), souvent très courte. Or, entre la collecte du matin, le tri et le reconditionnement au dépôt réalisé par la Banque alimentaire, en passant par la redistribution aux autres associations, c’est tout un circuit à mettre en place, avec un délai difficilement compressible, avant que colis n’arrive au bénéficiaire final .
C’est pourquoi le projet a évolué. La collecte intègre désormais les invendus des "magasins à emporter" - dits "drives" -, qui peuvent retirer de leurs rayonnages des produits avec une DLC d’une semaine. Ce qui offre davantage de temps à la Banque alimentaire pour sa redistribution.
Autre question soulevée : celle de la rentabilité des tournées. "Il n’est pas très intéressant de rouler des kilomètres pour collecter 5 kilos d’invendus, précise le chargé de mission. Nous étudions la possibilité d’acquérir un véhicule électrique pour assurer la collecte auprès des petites surfaces du centre-ville."

L’objectif initial de 40 tonnes de produits frais par an a été largement dépassé : en 2014, ce sont 110 tonnes qui ont été collectées dans 10 magasins. Ce qui représente 220.000 repas distribués et correspondant à une valeur de 380.000 euros.

Vers un financement mixte avec la nouvelle législation sur les biodéchets

Des projets sont en cours, notamment une plateforme de collecte sur le marché de gros (voir fin du texte : "Vers une plateforme de collecte sur le marché de gros"). Reste que la pérennisation du dispositif implique de revoir le financement qui repose à 100% sur des fonds public (voir fin du texte : "Un financement à 100% public qui doit évoluer").
Le comité local de lutte contre le gaspillage alimentaire prône un financement mixte public-privé facilité par la nouvelle législation (loi du 12 juillet 2010, article L 541-21-1 du code de l’environnement) qui contraint les grandes et moyennes surfaces à réduire leurs biodéchets. Ils auront le choix entrer payer une redevance ou rémunérer un prestataire pour enlever les biodéchets.
"Les entreprises peuvent en outre défiscaliser jusqu’à 60% de la valeur du don, dans la limite de 0,5% de leur chiffre d’affaires", souligne le chargé de mission pour qui, "donner est plus rentable que jeter".

Malgré la difficulté de mobiliser les grandes et moyennes surfaces, la démarche a fait ses preuves et bénéficie d’un fort soutien des élus locaux. Outre l’engagement de Tour(s)plus et de la ville, la mise en relation entre les professionnels de la distribution et les associations a été par exemple facilitée par une députée européenne, également présidente de l’association Solaal (Solidarité des producteurs agricoles et des filières alimentaires).

Vers une plateforme de collecte sur le marché de gros
Une étude sur le gaspillage alimentaire réalisée pour la communauté d’agglomération estime à 4.350 tonnes le gisement de fruits et légumes invendus et jetés sur le territoire départemental chaque année. L’une des pistes consiste à créer une plateforme de collecte des invendus sur le marché de gros de Saint-Pierre-des-Corps dans l’entrepôt déjà existant des Restos du cœur : 350 tonnes de fruits et légumes pourraient être récupérées chaque année. A terme, le projet devrait créer des emplois en insertion avec le double objectif de collecter plus et plus rapidement. Tour(s)plus vient d’être récompensée au niveau national pour ce projet innovant.

Financement du camion à 100% public actuellement
Son coût s’élève à 44.000 euros par an. Il couvre la location du camion de 3,5 tonnes, l’emploi d’un chauffeur et d’un accompagnateur en contrats aidés de 25 h par semaine. Tour(s)plus, la ville de Tours et le syndicat Touraine Propre financent le projet, chacun à hauteur de 10.000 euros, auxquels s’ajoute la contribution de l’Etat dans le cadre des contrats aidés. L’action repose également sur l’engagement des bénévoles de la Banque alimentaire.

Financement de la plateforme de collecte
Le coût total du projet s’élève à 70.000 euros/an. Il recouvre la location du camion, l’emploi des personnes en insertion pour le tri, le reconditionnement et la redistribution. Tour(s)plus et le syndicat Touraine Propre financent le projet auxquels s’ajoute la contribution de l’Etat dans le cadre de l’appel à projets.

Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

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