"Le tourisme en outre-mer est en crise depuis le début des années 2000, alors même qu'il représente une chance pour les économies insulaires d'outre-mer, confrontées à un chômage élevé (entre 20 et 30% selon les territoires)", atteste le rapport de la Cour des comptes rendu public mardi 11 février, qui consacre tout un chapitre au tourisme en Martinique (9% de son PIB), en Guadeloupe (7%), à la Réunion (2,6%) et en Polynésie (7,7%), soit dans les trois départements et la collectivité où cette activité est "un atout fondamental".
Pourtant, relève la Cour, le tourisme se porte plutôt bien ailleurs. La situation proviendrait d'une crise "structurelle" liée entre autres au manque de pilotage des collectivités, à un manque de dynamisme des autorités locales et à des actions publiques inefficaces. L'indispensable sursaut : c'est ce qu'attend la Cour des comptes des principaux protagonistes pour sauver une importante partie de l'économie locale et de l'emploi. 

Un manque de professionnalisme

"Les collectivités chargées du tourisme n'ont pas su définir et impulser une politique innovante", avance la Cour mettant en exergue les hésitations de certains quant au genre de tourisme à promouvoir, le manque d'infrastructures hôtelières de qualité, un manque de personnel parlant plusieurs langues, bien souvent un patrimoine non valorisé, une absence de nouveaux plans de développement... 
Certes des événements tels que l'épidémie du chikungunya en 2006 et la crise du requin en 2011 ont amputé la Réunion de 40% de sa fréquentation hôtelière. Tandis qu'aux Antilles, la longue crise sociale de début 2009 a engendré l'annulation de près de 10.000 séjours et laissé des séquelles. Un "désamour" qui bénéficie forcément, note la Cour, aux îles tropicales concurrentes telles que la République dominicaine, Porto Rico, Cuba, les Bahamas dans les Caraïbes, Maurice et les Maldives dans l'Océan indien ou bien Hawaï, Guam, les îles Cook et le Vanuatu pour la zone Océanie. Des destinations qui, selon elle, sont plébiscitées tout d'abord pour leur main-d'oeuvre bon marché et leurs normes moins drastiques.
Mais cela n'explique pas toutes les difficultés, nuance la Cour, qui regrette un "manque de professionnalisme" dans la promotion de l'outre-mer et recommande  un plan stratégique fixant des orientations priorisées, la création de plans d'actions opérationnelles  dans le cadre du développement du tourisme et des loisirs, une meilleure coordination entre acteurs publics et privés du tourisme, une politique de formation à destination du personnel pour répondre aux attentes de la clientèle étrangère, de définir des pays cibles prioritaires... 

Des atouts "indéniables"

Par ailleurs la Cour pointe une "offre aérienne peu diversifiée qui connaît de fortes variations de prix avec l'impact des vacances scolaires françaises quand plus de 80% de la clientèle vient de l'Hexagone", mais aussi un problème de délivrance des visas pour les visiteurs d'Australie, de Chine, de Corée ou d'Inde, au nom du risque migratoire à la Réunion.
Toutefois, les quatre îles françaises disposent d'"atouts indéniables" même s'ils sont encore "insuffisamment valorisés". Et la Cour de lister : la stabilité politique et la sécurité sanitaire qui sont prisées des seniors et des familles ; la richesse culturelle et festive qui rythme la vie des îles pourrait aussi être mieux exploitée ; ainsi que "la qualité exceptionnelle du patrimoine naturel". Outre le classement à l'Unesco des cirques, pitons et remparts de la Réunion, cette île partage avec la Martinique et la Guadeloupe le fait d'avoir un volcan en activité. La Cour avance aussi une potentielle activité de santé-thalassothérapie axée sur la "silver économie". 
Aux Antilles, une relance du secteur, qui pourrait créer un cercle vertueux avec la pêche, le transport, l'artisanat et la restauration, reste conditionnée à l'épineuse question de la dette fiscale (50 millions d'euros) des groupes hôteliers, qui réclament un moratoire pour pouvoir s'adapter.
La Cour recommande enfin à l'Etat de supprimer les défiscalisations "Girardin" en faveur des investissements productifs et les remplacer par d'autres modes d'intervention, moins coûteux pour le budget de l'Etat... et plus efficaces.

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