Alors qu'est annoncée une croissance verte pour les prochaines années, voilà que le chômage verdit... Si le nombre d'emplois dans les éco-activités progresse en France, cet essor demeure insuffisant pour absorber tous les diplômés des formations environnementales. Trois chercheurs font ce constat dans une nouvelle publication du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), au point d'évoquer une "bulle" des formations liées à l'environnement.
De fait, les emplois dans les éco-activités ont affiché une belle progression, de 3% en moyenne annuelle, de 2004 à 2008. Dans le même temps, dans l'ensemble de l'économie française, ils n'augmentaient que d'un peu moins de 1% par an. Toutefois en 2008, le nombre de demandeurs d'emploi s'est également accru davantage dans l'environnement (+1,8%) que dans l'ensemble du marché du travail (+0,7%)…
Il est vrai que, simultanément, l'offre de formation dans le domaine de l'environnement a explosé, comme le remarquent les auteurs : "Si 10.700 jeunes sont sortis des formations environnementales en 2004, ce sont 50.000 élèves et étudiants qui sont inscrits à la rentrée 2007-2008 en dernière année", rapportent Etienne Campens, Olivier Aznar et Thibaud Mazerm. "Le décalage apparaît réel entre les aspirations des étudiants et des concepteurs de programmes de formation d'un côté, et la réalité du marché de l'emploi de l'autre."
Résultat ? Les chercheurs observent une insertion relativement médiocre pour les jeunes sortis en 2004 d'une formation environnementale. En 2007, ils n'étaient que 47% à avoir trouvé un accès rapide et durable à l'emploi. Ce taux était alors de 57%, pour l'ensemble des jeunes sortis du système scolaire trois ans auparavant…
Pire, les chercheurs calculent que "les sortants des formations environnementales ont 32,7% de risque supplémentaire de se retrouver durablement en dehors de l'emploi".

Avantage au bac

La nouvelle étude du Céreq pointe toutefois plusieurs facteurs favorables à l'insertion. Le diplôme est tout particulièrement déterminant… Ainsi "une personne sortant de formation environnementale au niveau bac a 5,8 fois plus de chance d'avoir un accès rapide et durable à l'emploi qu'un non-diplômé de la même spécialité, toutes choses égales par ailleurs". L'avantage est assez proche pour les titulaires d'un BTS, d'un DUT ou d'un doctorat ; il est bien moindre avec un CAP-BEP, un Deug ou une maîtrise.
La spécialité choisie fait également la différence : les formations dans le domaine des forêts, des espaces naturels, de la faune sauvage, et de la pêche, semblent aboutir à une moins bonne insertion. Aménagement du territoire et aménagement paysager, à l'inverse, donnent de meilleures chances d'obtenir un accès rapide et durable à l'emploi. Enfin, la discrimination est sexuelle : les hommes sortant de formations environnementales ont 1,6 fois plus de chance de s'insérer rapidement que les femmes…
Alors que les jeunes aspirent en nombre à travailler pour l'environnement, "l'emploi correspondant n'a pas suivi au même rythme", concluent les auteurs. Voilà qui suppose "deux principaux modes d'ajustements : les actions pour dynamiser la demande sur le marché du travail, et celles pour limiter l'offre de formation dans la spécialité". De quoi inspirer les politiques des régions pour les prochaines années ?
 

ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo5plk6e8qr%2FSmqWcnV2rsrPAxGakmqahqrJuvM6uqWaklah6pbXPpaamnaNisaZ5y56lr6GipLuvscyepa0%3D