Installée à Aubeterre-sur-Dronne dans un bâtiment scolaire vacant appartenant au département, la Rural Web Factory inaugurée à l’automne 2017 cible des demandeurs d’emploi et des bénéficiaires de minima sociaux, jeunes ou séniors. Destinée à former des développeurs, la formation se déroule sur six mois, et deux mois de stage en entreprise. A l’issue de l’examen final, un titre professionnel "Développeur logiciel" de niveau III (équivalent bac + 2) est délivré. La formation est assurée par l’école Simplon, une entreprise sociale et solidaire qui a accompagné la collectivité dans le montage du projet et propose une pédagogie novatrice (voir encadré). Cette méthodologie a été enseignée aux formateurs qui bénéficient d’un appui pédagogique par visioconférence.
Pari d’un territoire aux caractéristiques rurales très marquées
A priori, un tel projet a de quoi étonner, sur un territoire aux caractéristiques rurales très marquées. Ni vraiment très loin, ni vraiment proche de villes comme Angoulême ou Périgueux, la communauté de communes de Lavalette-Tude-Dronne (50 communes et 18.500 habitants) présente une faible densité de population. L’économie y est vieillissante, à l’image des artisans commerçants locaux dont la moitié va atteindre l’âge de la retraite sans avoir retrouvé de repreneurs. Autant de difficultés que la collectivité a décidé de surmonter en misant sur l’émergence de nouvelles activités via le numérique. Il s’agit notamment de profiter de l’opportunité de la fibre qui est actuellement déployée sur le territoire. "Nous misons sur l’attractivité des usages du numérique", résume le président de la communauté de communes, Joël Papillaud.
L’espace numérique Sud Charente comme point d’ancrage
"La réussite d’un tel projet repose sur la qualité des partenaires impliqués", commente le directeur général adjoint de la communauté de communes, Fabien Portal, qui a animé et suivi de bout en bout l’opération. La collectivité a su profiter de l’opportunité de la création du label "grande école du numérique" en 2015 et s’est rapprochée de Pôle emploi qui finance les formations. Les demandeurs d’emploi sont sélectionnés sur des critères de motivation, par le biais de formulaires en ligne (lettre de motivation, tests, exercices…) et à l’issue d’entretiens individuels et collectifs menés au sein de mini jurys constitués entre les partenaires de l’opération. L’espace numérique (EPN) Sud Charente, une association locale, a ensuite permis à l’intercommunalité de passer quelques étapes "compliquées", notamment celle consistant à faire en sorte que l’intercommunalité obtienne le statut d’organisme de formation.
Financement multipartenaires
Le budget du premier exercice atteint 200.000 euros, dont 22.500 consacré à l’investissement. Il est financé par l’État (35.000 euros), la région (50.000 euros), l’Europe (38.000 euros en attente de décision), ainsi que le département (32.000 euros via la mise à disposition de l’école où se donnent les cours). L’intercommunalité prend en charge le reste sur ses fonds propres. Le budget de la deuxième session, qui couvre le fonctionnement (rémunération des formateurs, locaux) se monte à 110.000 euros.
Perspectives à conforter
Il est trop tôt pour mesurer les impacts. Au plan national, Simplon affiche, sur son site, un taux de 77% de "sorties positives" : reprise d’études, contrats de professionnalisation et embauches via CDI. La communauté de communes Lavalette-Tude-Dronne, elle, mise sur la naissance d’activités nouvelles, par exemple la création d’une entreprise sur son territoire envisagée par quatre élèves. Elle envisage la création d’un lieu qui réunirait, outre l’école, un espace public avec imprimante 3D et bureaux partagés de travail… Reste que le nombre des participants aux sessions est limité, tant pour alléger la gestion de l’école que pour ne pas "saturer" le tissu local avec un trop grand nombre de développeurs web.
En attendant, la collectivité continue de déployer beaucoup d’efforts pour convaincre de la qualité de sa formation un tissu économique local pas toujours conscient des enjeux du numérique. Histoire à suivre.
Réseau Simplon : se former en faisant
Pas de cours théoriques, les élèves apprennent "en faisant", éventuellement dans le cadre de groupes formés entre eux. Pour cela, ils sont confrontés à des études de cas fictifs, ou réels avec de vrais clients. On leur enseigne à "chercher des solutions", commente Fabien Portal, ce qui leur permettra d’affronter les évolutions technologiques. Leur cursus prévoit qu’ils initient les collégiens au codage. Le réseau Simplon propose un format d’essaimage géographique qui permet aux territoires de créer des " écoles Simplon.co" et de former des publics éloignés de l’emploi aux métiers techniques du numérique.
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