Le Centre d'analyse stratégique (CAS), qui s'intéresse de longue date à la question du vieillissement et à son impact sur l'économie et la société, vient de publier une note de veille qui tente de répondre à une question partagée par les pouvoirs publics et les acteurs de terrain : comment soutenir efficacement les aidants familiaux des personnes âgées dépendantes ? La question n'est évidemment pas neutre, alors que le débat sur la mise en place d'un cinquième risque de la protection sociale entièrement dédié à la prise en charge de la dépendance pourrait se tenir avant la fin de l'année.

La note du CAS commence par rappeler que la France compte près de trois millions d'aidants familiaux. Il s'agit pour les deux tiers de femmes (filles, belles-filles...), dont la majorité se situe dans la tranche d'âge de 45 à 64 ans (c'est-à-dire souvent actifs et salariés). Or, selon le CAS, "les aidants familiaux se caractérisent d'abord par leur invisibilité sociale".  Si la loi Handicap du 11 février 2005 a donné un statut aux aidants familiaux des personnes handicapées, il n'en va pas de même pour ceux des personnes âgées dépendantes.

Pour sortir de cette situation, le CAS formule sept propositions. Certaines sont déjà dans l'air, d'autres sont plus originales. Ainsi, le CAS propose d'assouplir les conditions d'accès au congé pour solidarité familiale - conçu pour accompagner une personne en fin de vie - en donnant la possibilité de le fractionner, ce qui correspond mieux à la prise en charge de la dépendance. De même, la note suggère de passer outre au principe juridique bien connu de l'obligation alimentaire, pour étudier la possibilité d'une "compensation financière minimale" (et non pas d'une rémunération) pour les aidants ayant une activité salariée, afin de diminuer les restes à charge de la famille et de permettre aux aidants familiaux salariés de préserver leurs droits sociaux (notamment en matière de retraite). Elle ne chiffre toutefois pas le coût d'une telle mesure, qui devrait être conséquent. Le CAS propose aussi d'inciter les entreprises à offrir à leurs salariés des solutions alternatives, comme les assouplissements d'horaires ou le télétravail, ainsi que des programmes de soutien. Dans le même esprit, il propose d'améliorer l'information sur tous les aspects du maintien à domicile, en utilisant des "moyens attractifs" (internet) pour sensibiliser les citoyens, qui ne s'intéressent aujourd'hui à la question qu'au moment où ils y sont personnellement confrontés. Toujours dans ce registre, la note recommande de mieux informer sur l'existence des gérontechnologies. Plus original : elle préconise d'ouvrir la possibilité de financer ce type d'aides technologiques par l'intermédiaire de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) - à l'instar de la prestation de compensation du handicap (PCH) -, voire de mettre sur pied une aide spécifique dédiée.

Les deux dernières propositions sont beaucoup plus classiques, dans la mesure où elles ne font que reprendre des évolutions aujourd'hui à l'oeuvre (voir nos articles ci-contre). Le CAS recommande ainsi d'accroître l'offre d'accueil temporaire, en la rendant plus "lisible", grâce notamment à un système de gestion en temps réel des places disponibles. Il se prononce également en faveur du développement des équipes de personnel mobile intervenant à domicile, disposition déjà prévue et mise en oeuvre dans le cadre des plans 2008-2012 consacrés aux soins palliatifs et à la maladie d'Alzheimer. Selon le CAS, ces équipes mobiles pourraient être mises à la disposition des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes "qui souhaiteraient décloisonner les dispositifs et structurer l'offre de services".  

 

Jean-Noël Escudié / PCA

ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo55lk5q7tb7EZpuappGhxrSxjKyrq5mkmrSqvdSeZJ2do2K2pbHErGSpp6WnerS71K2cp6GiYrmmv4yaoJ2ZnqnAbrLApqCloZGqxQ%3D%3D