"Il n'y a pas eu de renoncements de ma part", a prévenu Nicolas Hulot, lors de ses vœux à la presse ce 22 janvier reconnaissant toutefois certaines "déconvenues, de l'impatience et même parfois des éruptions de colère" quand les choses n'avancent pas assez vite. "Le président de la République a parlé de mon inquiétude. Oui, je suis inquiet car nous sommes sur un chemin de crête délicat, a-t-il ajouté. Mais je bénéficie au sein du gouvernement de beaucoup d'écoute, sans doute plus qu'aucun ministre de la Transition écologique n'en a jamais eue" .
"Mon ambition n'a pas bougé d'un pouce mais j'ai appris à construire une méthode, a-t-il affirmé. Le dialogue, l'écoute et la décision sont la clé d'une transition apaisée." Il a insisté sur "la nécessité de prendre un peu de temps pour faire de la pédagogie, pour transformer la peur en désir", pour trouver "l'équilibre" entre le long terme et le court terme. "Ce n'est pas un renoncement mais simplement une stratégie indispensable parce que même si l'enjeu climatique, l'enjeu écologique devraient spontanément prendre le pas sur tout le reste, on ne peut pas s'imposer brutalement, on est obligé de le rendre acceptable, compréhensible, bénéfique", a-t-il noté.
 

Sujet majeur : la programmation pluriannuelle de l'énergie

"Notre objectif pour 2018 est d'inscrire enfin l'écologie dans la modernité mais aussi la modernité dans l'écologie", a-t-il résumé avant de présenter les grands dossiers de son ministère pour les mois à venir. La mise en œuvre du plan climat va se poursuivre et "un premier point collectif avec les acteurs" se tiendra "autour du 7 juillet". Ce qui mobilisera le plus le ministère sera la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui portera sur la période 2019-2020. "Des scénarios ont été posés sur la table. Rien n'est figé", a prévenu Nicolas Hulot, en précisant qu'il s'agissait de réaliser "tous les objectifs de la loi de transition énergétique", qu'il s'agisse de la baisse de la consommation d'énergie, du développement des énergies renouvelables, "en changeant d'échelle", de "nous affranchir des énergies fossiles" et de "passer la part du nucléaire à 50% dans la production d'électricité".
"Nous prendrons cette année le temps qu'il faut, on sera très précis sur les réacteurs qu'il faudra fermer et nous le ferons sur un certain nombre de critères économiques, sociaux (et de) sûreté, mais pas sur des critères symboliques", a-t-il précisé.
Le ministre a aussi confirmé l'arrêt de la production d'électricité à partir de charbon en 2022 et s'est félicité de l'adoption de la loi mettant fin à la recherche et à l'exploitation des hydrocarbures à l'horizon 2040 qui permet de "poursuivre l'effort de désintoxication des énergies fossiles".

"Plan de libération des énergies renouvelables"

Un "plan de libération des énergies renouvelables" sera présenté début mars et intégré dans la PPE. Outre le photovoltaïque, dont le plus récent appel d'offres s'est soldé par la désignation de 283 lauréats  pour des installations sur bâtiment,  et l'éolien, dont les procédures doivent être simplifiées, des annonces sont notamment prévues sur la méthanisation.
Une concertation en amont de la publication de la PPE, organisée par la Commission nationale du débat public, devrait débuter en février et durer trois mois, a précisé le ministère. Son compte rendu sera disponible fin juin. Un site permettra aux citoyens de donner leur avis et des ateliers ciblés seront organisés avec les jeunes, les précaires, les salariés des entreprises de l'énergie, etc. Le projet de PPE et son évaluation environnementale seront disponibles à la fin de l'été puis mis en consultation et soumis pour avis à différentes instances (Autorité environnementale, Comité national de la transition écologique, Conseil supérieur de l'énergie, Comité de gestion de la contribution au service public de l'électricité, etc.) en vue d'une adoption fin 2018.

"Accélérateur de la transition écologique"

Parmi les autres grands dossiers à venir, figure l'élaboration de la prochaine stratégie nationale bas carbone. Attendue à la fin de l'année, elle définit la feuille de route de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, en donnant des orientations stratégiques par secteurs d'activité (transports, bâtiments, agriculture, industrie…).
Pour que chacun des acteurs économiques – entreprises, partenaires sociaux, organismes de formation – se saisissent des innovations en cours dans de nombreux secteurs (transports, bâtiment, énergies renouvelables, hydrogène, efficacité énergétique), Nicolas Hulot a annoncé le lancement d'un "Accélérateur de la transition écologique" (AcTE) qui sera présenté dans sa globalité au printemps.
Autres mesures fortes attendues : la future loi sur les mobilités, portée par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, la feuille de route sur l'économie circulaire, qui sera soumise à la concertation en mars, le deuxième plan national sur l'adaptation au changement climatique, en cours de concertation.

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