Le conseil départemental de la Haute-Vienne vient d'installer des capteurs de CO2 dans ses collèges. Le conseil régional d'Occitanie a annoncé une expérimentation dans les lycées portant également sur l’installation de capteurs de CO2. Les communes qui ont fait de même sont aujourd'hui nombreuses. Le but de ces installations ? Mesurer la qualité de l'air et adapter la ventilation des locaux pour mieux lutter contre la propagation du Covid-19 dans les établissements scolaires.
Mais comment est apparue la nécessité de ventiler les locaux scolaires ? Au printemps 2020, après deux mois de fermeture des écoles, collèges et lycées, le retour des élèves en classe est accompagné d'une consigne claire, énoncée dans le protocole sanitaire du ministère de l'Éducation nationale du 29 avril 2020 : "L’aération est un geste qui doit maintenant être systématique et durer au moins dix minutes à chaque fois. Les salles de classe et autres locaux occupés pendant la journée doivent être aérés le matin avant l’arrivée des élèves, pendant chaque récréation, au moment du déjeuner et le soir pendant le nettoyage des locaux." À l'époque, il n'est pas question de mesurer la qualité de l'air et encore moins de capteurs de CO2.
Un financement des collectivités
Un an plus tard, la doctrine du ministère a évolué. L'aération fréquente des locaux est désormais présentée comme "une des principales mesures collectives de réduction du risque de transmission du SARS-CoV-2". Surtout, elle doit avoir lieu beaucoup plus souvent qu'avant, "quelques minutes […] a minima toutes les heures" y compris en présence de personnes dans la pièce. Pour juger ce "a minima", le ministère recommande "d’équiper chaque école de capteurs (mobiles ou fixes) afin de déterminer la fréquence d’aération nécessaire pour chaque local". Pourquoi ? Car ces capteurs permettent de mesurer la concentration en CO2 et d’évaluer facilement le niveau de renouvellement d’air. Voilà comment le capteur de CO2 est devenu depuis le retour des vacances de Pâques le dernier outil à la mode.
Mais cet outil a un prix. Selon le site du Projet CO2, qui rassemble des enseignants-chercheurs ayant pour objectif d'informer sur l'intérêt de la mesure du CO2 pour améliorer l'aération des locaux, le coût d'un capteur de CO2 varie de 300 à 400 euros pour un produit de niveau A (détecteurs étalonnés en usine présentant les meilleures garanties d'exactitude) et de 100 à 200 euros pour un produit de niveau B (détecteurs à étalonner soi-même). À ce prix-là, la facture grimpe vite. À Amiens, la mairie a déboursé 10.000 euros TTC pour 53 capteurs. Comme beaucoup d'autres collectivités, le chef-lieu de la Somme a choisi d'équiper en priorité ses cantines, soit les lieux couverts et fermés les plus fréquentés des établissements, où les risques de contamination entre élèves de différentes classes sont les plus élevés. La Haute-Vienne investit de son côté 30.000 euros tandis que la ville de Paris en est déjà à 200.000 euros pour équiper crèches et écoles maternelles. Car si le ministère de l'Éducation nationale recommande… il laisse le soin aux collectivités de payer.
Mieux aérer pour mieux apprendre
Cet investissement des collectivités est-il conforté par la science ? Dans un avis du 28 avril, le Haut Conseil de la santé public (HCSP) estime que "la maîtrise de l’aération/ventilation des ERP (établissements recevant du public) doit constituer un point fort sur lequel peut s’appuyer un protocole sanitaire, d’autant plus lorsque certaines mesures barrières (notamment le masque ou la distance interindividuelle) ne sont pas adaptées à l’activité". Et de citer les cas des cantines et écoles maternelles. Pour les établissements d'enseignement, il propose "de laisser les portes et les fenêtres ouvertes entre les cours", et pendant les cours, "l’idéal est d’ouvrir deux fenêtres". Plus précisément, le HCSP prévient : "Une concentration en CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm doit conduire dans tous les cas à ne pas occuper la salle et à agir en termes d’aération/renouvellement d’air et/ou de réduction du nombre de personnes admises dans les locaux." Une mesure qui ne peut être obtenue que grâce à un capteur…
Le capteur de CO2 sera-t-il un outil provisoire pour faire face à la crise sanitaire ? Il pourrait au contraire intéresser les collectivités à plus long terme. Dans un article récent, le CNRS écrit en effet : "Au-delà de 1.000 ppm, les capacités cognitives des personnes commencent à être affectées. La concentration diminue et les maux de tête surviennent." Et le CNRS de citer une enquête de 2018 de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur qui montre que dans 36% des écoles maternelles et élémentaires on trouve au moins une classe où le taux de CO2 se situe autour de 1.700 ppm. SI la qualité de l'air devient un enjeu d'éducation… les capteurs de CO2 seront amenés à trouver une place définitive dans les classes.
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