Le 30 août 2022, à l'occasion d'une conférence de presse consacrée à la rentrée scolaire, Loïg Chesnais-Girard, président du conseil régional de Bretagne, a jeté un froid en annonçant que cet hiver la température des lycées bretons serait limitée à 19 degrés. Alors que le coût du chauffage, qui représente près de 55% des dépenses de fonctionnement, et de l’électricité, "flambe", les établissements bretons sont donc "invités à consommer modérément électricité, chauffage et eau". La collectivité "les accompagnera dans le suivi et la régulation de leurs dépenses énergétiques". De leur côté, les usagers du lycée (jeunes, enseignants, agents) seront sensibilisés "pour adopter des gestes responsables et économes". Enjeu immédiat pour les finances bretonnes : réduire de 7% la facture en abaissant d'un degré la température des classes.
En Normandie, le constat est également alarmiste : "Le montant des dépenses en énergie pour les établissements normands a fortement augmenté en 2022 et pourrait quasiment tripler en 2023", indique le conseil régional. Au delà de la réduction des consommations et de la poursuite des travaux d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments, ce dernier vient d'annoncer qu'il soutiendrait financièrement les lycées publics pour payer les factures d’énergie dont les montants seraient trop élevés.
En route vers l'autosuffisance ?
Si l'urgence est donc de faire face à la hausse des prix de l'énergie attendue cet hiver, les régions envisagent bien entendu la question sur le long terme. Ici encore, la Bretagne fait figure de bon élève : elle a lancé en 2019 un plan visant à réduire l’empreinte carbone de ses 115 lycées en consacrant chaque année 20 millions d'euros à la rénovation et à l'isolation des façades, fenêtres et toitures de bâtiments datant souvent des années 1950 et 1960.
La région Grand Est n'est pas en reste. Le titre de son dossier de presse consacré à la rentrée scolaire se suffit à lui-même "Accélérons la transition écologique dans nos lycées !" Face à cette ambition, elle met les moyens : en juin 2022, un plan de 450 millions d’euros sur quatre ans pour les lycées a été voté, dont un volet "Lycées verts" de 250 millions d’euros pour la rénovation énergétique, lequel comprend notamment la pose de 1,2 million de mètres carrés de panneaux solaires sur les toits des établissements, mais aussi un vaste programme de modernisation des systèmes de chauffage. Pour faire face aux hausses des prix, la région Grand Est évoque également des "achats anticipés d’énergie". Le tout avec un objectif : la baisse de 40% de la consommation d’énergie des établissements d’ici 2030. Parmi les moyens pour y parvenir : des instruments de mesure et de régulation de la dépense énergétique.
Ailleurs en France, la conception des nouveaux lycées porte également l'ambition de réaliser de substantielles économies d'énergie, voire d'atteindre l'autosuffisance. Les solutions techniques sont alors de divers ordres.
Photovoltaïque, géothermie et biomasse
L'Île-de-France, à l'image de la Normandie, va déployer une centaine d’installations photovoltaïques sur ses lycées d’ici fin 2024. À ce jour, 13 établissements sont déjà équipés. Ils produisent 151 MW. À terme, le parc solaire des lycées franciliens fournira environ 6.700 MW. Le photovoltaïque est également plébiscité par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elle a déjà équipé de panneaux 31 établissements et prévoit d'en équiper 56 d’ici 2024, soit 32% du total. Son objectif : réduire la consommation d’énergie dans les lycées de 20%.
La Nouvelle-Aquitaine, de son côté, a commencé à développer la géothermie dans ses lycées. Une solution déjà adoptée en Occitanie où un neuvième lycée à énergie positive vient d'ouvrir ses portes à Gragnague (Haute-Garonne), avec une particularité : il est autosuffisant pour ses besoins de chauffage. Globalement, l'Occitanie vise une réduction de la consommation en énergie de ces lycées de 60% d’ici 2050.
Mesures de bon sens
La région Centre-Val de Loire a opté pour un mélange de ces solutions, avec la pose de panneaux photovoltaïques en toitures, d'un côté, et un système de chauffage et de rafraîchissement des bâtiments d’enseignement par géothermie sur nappe, de l'autre. Enfin, la Corse a choisi l'installation de chaudières biomasse. Les travaux sont actuellement en cours de réalisation dans plusieurs de ses lycées.
Enfin, les régions n'oublient pas les gestes moins spectaculaires pour réaliser des économies. L'Île-de-France envisage ainsi de limiter ses consommations "par ventilation nocturne, protection solaire ou recours à des matériaux vertueux". Tandis qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, où les lycées ont pu être considérés par le passé comme des "passoires énergétiques", selon le président du conseil régional, Laurent Wauquiez, des mesures "de bon sens" vont être appliquées dans tous les lycées, en plus des investissements plus conséquents : stopper l’éclairage nocturne au départ des élèves, arrêter la ventilation en dehors des heures d’ouverture ou lutter contre le surchauffage.
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