Depuis leur création en 2012, les sociétés d'accélération du transfert de technologies (Satt) ont fait du chemin. Au total, au 31 décembre 2017, elles ont permis le dépôt de quelque 2.200 brevets, et la création de 256 entreprises. Ces structures ont été créées pour faciliter le transfert des innovations issues de la recherche académique française vers la mise sur le marché. Il s'agit de sociétés par actions simplifiées créées par plusieurs établissements de recherche publics dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir (PIA). Elles disposent chacune d'un capital d'un million d'euros répartis à 67% pour les établissements publics de recherche en régions et à 33% pour la Caisse des Dépôts, pour le compte de l'Etat. Au total, 856 millions d'euros leur ont été affectés. Elles ont un apport en quasi-fonds propres sur dix ans, versés en trois tranches selon leurs résultats.
Jouant le rôle de trait d'union entre la recherche académique et les marchés économiques, les Satt ont pour objet d'augmenter les impacts socio-économiques des résultats de la recherche et de favoriser la création d'emplois en simplifiant, facilitant, accélérant le transfert des technologies, c'est-à-dire la mise sur le marché des innovations. Parmi leurs missions : identifier les projets innovants à valeur ajoutée et leur positionnement vis-à-vis de la concurrence et des besoins du marché, protéger les résultats de la recherche par le dépôt de brevets, mettre en place et gérer des projets, et commercialiser les innovations jusqu'au transfert au monde économique sous forme de licences ou de création de startups… Des startups qui seront notamment aidées par le gouvernement, à travers le fonds d'innovation de rupture, doté de 10 milliards d'euros, dont un tiers doit leur revenir, d'après les annonces faites début mai par Edouard Philippe lors de la présentation de la stratégie d'innovation gouvernementale.

Des acteurs territoriaux de référence

"Les Satt se sont imposées progressivement comme des acteurs territoriaux de référence et des partenaires de choix pour les acteurs économiques, auprès des grands groupes mais aussi des PME et ETI de leur territoire", se félicite Laurent Baly, président du Réseau Satt qui fédère les 14 Satt, et président de la Satt Sud-Est. "Les Satt ont été créées en trois vagues successives. Certaines ne datent que de 4 ans et leurs résultats offrent de belles perspectives puisqu’elles présentent des résultats à période comparable de 3 ans, équivalents aux Satt de la première génération, voire largement supérieurs en termes de création d’emploi et d’entreprises", poursuit-il. Et pour aller à la pêche aux innovations, les Satt travaillent avec les laboratoires. C'est la mission des 600 professionnels des Satt. "Cela semble un nombre important mais par rapport au nombre de chercheurs présents en France, il n’est pas encore possible d'aller partout. Les Satt se concentrent donc sur des axes thématiques, en fonction des dynamiques territoriales des établissements actionnaires mais aussi des politiques régionales, et des orientations de l'Etat et de l'Europe", souligne Laurent Baly. Les équipes travaillent aussi avec les entreprises et leurs partenaires sur leur territoire sur des thématiques susceptibles d'attirer le marché.
Exemple : à Grenoble, Drone Interactive industrialise avec Arcadrone un nouveau type d'attraction pour un parc de loisirs. Le jeu mêle le pilotage de drones réels et l'univers des jeux vidéos. La startup grenobloise espère une première installation dans un parc de loisirs en France avant la fin de l'année. Autre innovation : en Alsace, la startup In'Air Solutions, spécialisée dans la détection de polluants dans l'air ambiant, va mettre sur le marché ses premiers produits. Elle va notamment lancer deux analyseurs innovants de polluants gazeux de l'air intérieur.

Des modèles différents selon les territoires

Les Satt sont aussi en lien avec les autres acteurs de la recherche et de la valorisation des technologies, comme par exemple les pôles de compétitivité, les incubateurs, les consortiums de valorisation thématique (CVT) ou les instituts de recherche technologique (IRT), dans un souci de complémentarité. "Le Réseau Satt travaille de manière concertée avec tous les acteurs du transfert de technologie et témoigne de partenariats forts comme avec l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) pour la protection intellectuelle ou d’appels à projets nationaux, avec le Centre technique des industries mécaniques (Cetim) ou avec les CVT Athena pour les sciences humaines et sociales et AllEnvi pour l’environnement, qui lui apportent leurs expertises spécialisées. Localement, les Satt travaillent en partenariat avec les pôles de compétitivité et les incubateurs notamment", insiste Laurent Baly.
Sur le territoire, les Satt prennent des formes parfois différentes, en fonction des choix politiques et des périmètres régionaux. Pour les grandes régions qui ont changé de périmètre, des évolutions sont à attendre, car sur un même territoire, il peut y avoir plusieurs Satt. La Satt Grand Centre va ainsi évoluer en plusieurs structures distinctes, chacune d’elles assurant un périmètre territorial plus restreint. La Normandie, qui ne disposait pas de Satt, expérimente quant à elle un modèle différent, Normandie Valorisation. "A l’échelle de la région Grand Est, un partenariat a récemment été signé entre les Satt Grand Est, Conectus Alsace et Nord, précise le président du réseau, les établissements de recherche publics et les collectivités adaptent le modèle au plus proche des besoins de leur territoire."
Avec la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notr), les collectivités peuvent aussi entrer au capital des Satt. Et certaines régions commencent à réfléchir à utiliser ces nouvelles dispositions, comme l'Auvergne-Rhône-Alpes, l'Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, où le process est en cours d'étude.

Une belle progression pour des organisations créées de début 2012 à juillet 2014

Côté budget, les Satt disposeront de 200 millions d'euros dans le cadre du PIA 3 fondu dans le Grand plan d'investissement pour accélérer leur développement, sous forme d'un appel à projets destiné exclusivement aux Satt. Mais le président du réseau des Satt reste confiant sur la capacité des Satt à trouver des ressources supplémentaires consacrées à l'innovation et à la recherche. "Le financement initial du programme des 14 Satt sur dix ans, proche du milliard, représente annuellement moins de 0,2% de la dépense intérieure de recherche et développement", précise Laurent Baly. Et côté retour sur investissement, on parle de plus de 16 millions d'euros de chiffres d'affaires générés grâce aux brevets. La dynamique est en tout cas là avec une progression de 30% du chiffre d'affaires annuel pour les Satt. "Une progression élevée pour des entreprises encore jeunes !", se félicite Laurent Baly qui insiste avant tout sur la création de valeur générée pour les territoires, notamment en termes de création d’emplois qualifiés à haute valeur ajoutée (plus de 1.100).

La réussite des startups créées grâce aux Satt
Depuis 2012, 256 entreprises ont été créées avec l'aide des sociétés d'accélération du transfert de technologies (Satt). Le bilan, dressé le 7 mai 2018 par le Réseau Satt et Bpifrance, montre que 59% de ces entreprises développent des technologies "deep tech", c'est-à-dire des technologies profondément connectées à la technologie (digital, cleantechs, medtech, biotech). Ces technologies demandent un temps de recherche et développement long et un accompagnement adéquat, ce qu'offrent les Satt, associées aux outils financiers de Bpifrance.
Au total, 125 levées de fonds ont été réalisées par ces entreprises, pour un montant total de 185,2 millions d'euros. Et le temps entre la création d'entreprise et la première levée de fonds diminue progressivement : de deux ans et demi pour les sociétés créées avant 2014 à moins d'un an pour celles créées en 2016.
Le taux de succès de ces startups, issues des Satt - et bénéficiant de concours publics notamment dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir (PIA) - est supérieur à la moyenne : 38% contre 15% pour les autres startups.
La stratégie pour l'innovation du gouvernement, annoncée le 3 mai 2018 par Edouard Philippe, prévoit de consacrer à ces startups "deep tech" un tiers du fonds d'innovation de rupture lancé début 2018 et doté de 10 milliards d'euros.

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