"Nos sujets de rentrée, c'est le réchauffement climatique, le réchauffement climatique et le réchauffement climatique", a martelé Bertrand Munch, le directeur général de l'Office national des forêts (ONF), lors d'une conférence de presse ce 16 septembre. L'Office, qui gère les 11 millions d'hectares de forêts publiques françaises a inscrit la biodiversité comme priorité de son agenda pour l'année à venir, pour soigner une forêt fragilisée par le réchauffement climatique. Le plan de relance lancé en septembre 2020 a prévu un plan de reboisement des forêts françaises de 200 millions d'euros sur deux ans (150 millions pour la forêt, 50 millions pour l'aval de la filière, confrontée à des difficultés d'approvisionnement). Au niveau national, toutes forêts confondues (publiques et privées), il doit permettre la plantation de 45.000 hectares de forêts, ce qui correspond environ à 50 millions d'arbres. L'ONF, qui plante chaque année en moyenne 3 millions de plants, passera à 10 millions sur 15.000 hectares de forêt domaniale, en misant sur la diversité des essences pour mieux résister aux aléas climatiques.
Albert Maillet, directeur Forêts et risque naturels, a détaillé la méthode choisie pour planter, celle de "l'analogie climatique" : utiliser les scénarios des experts du Giec pour identifier les zones en France où le climat va changer, puis chercher des territoires ailleurs dans le monde où le climat ressemble aujourd'hui à celui des scénarios français de demain, et enfin sélectionner les essences les plus adaptées. "Pour cela il faut diversifier nos métiers", a-t-il expliqué. En 2021, près de 500 personnels de l'ONF seront ainsi formés pour piloter et encadrer les projets de reboisement.
L'ONF dirigera bientôt ces chantiers depuis un nouveau siège, vanté comme "écoresponsable", niché sur le campus arboré de l'École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort : un bâtiment de quatre étages, sur une surface de 7.600 m2, à l'ossature entièrement en bois, issu notamment des forêts d'épicéas du Grand Est. Le bâtiment sera en partie autonome : des panneaux photovoltaïques sur les toits permettront de couvrir toute la consommation des éclairages et des ascenseurs ; l'eau de pluie sera récupérée pour les sanitaires ; des isolants en fibre de bois réduiront les factures de chauffage. Un chantier de 25 millions d'euros "autofinancé par la vente du site historique de Saint-Mandé", s'est réjoui le responsable du projet immobilier, Jean-Marc Tavernier.
Une bonne nouvelle pour un Office encore très endetté - le budget 2021 prévoit un déficit de 115 millions - et en proie à des déchirements douloureux : en juillet, le projet de contrat 2021-2025 proposé par l'État, qui prévoit la suppression de 475 postes sur 8.400 dans les cinq ans, avait été adopté de justesse. S'il salue les enveloppes supplémentaires annoncées par l'État, Bertrand Munch relève que "ce n'est pas en supprimant des emplois qu'on rétablit l'équilibre" et que ces suppressions vont entraîner un recours important à la sous-traitance, notamment pour les plantations.
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