Côté français, le débat parlementaire est plié : déjà approuvé par l'Assemblée nationale, le projet de loi ratifiant l'accord intergouvernemental signé le 30 janvier 2012 sur le projet ferroviaire Lyon-Turin devait l'être au Sénat dans la nuit du 18 au 19 novembre. Côté italien, c'est presque bon aussi, malgré de nouvelles manifestations d'opposants ayant eu lieu ce week-end. Jean-Pierre Vial, sénateur UMP de la Savoie, vice-président de son conseil général et l'un des signataires de cet appel du 18 novembre en faveur de la ligne fret-voyageurs Lyon-Turin, en conclut que "le calendrier est serré mais tenable".
S'il est serré, c'est que le gouvernement doit maintenant clairement solliciter l'Europe au sujet de l'enveloppe qu'elle veut allouer au projet. Une enveloppe qui promet d'être exceptionnelle puisque portée, sur 2014-2020, à hauteur de 40% du coût de ce projet évalué à 8,5 milliards d'euros. Projet ou plutôt chantier, tel que le dénomment certains, puisque d'ores et déjà les premières études et percements de galeries de reconnaissance ont débuté. Mais ce chantier sera-t-il poursuivi en toute fluidité ? Le financement d'un autre projet d'infrastructure, le canal Seine-Nord, ne risque-t-il pas de lui faire de l'ombre ? Les experts français ayant leurs entrées à Bruxelles expliquent que, tous deux - liaison mixte Lyon-Turin et canal Seine-Nord - n'y sont pas perçus comme "concurrents" mais comme "complémentaires" : l'un a trait au fluvial au nord de l'Europe, l'autre au rail plus au sud. Quand bien même, à ce stade, tous les obstacles ne sont pas franchis pour le Lyon-Turin en faveur duquel les parlementaires viennent donc de réaffirmer leur soutien. Aux côtés, d'ailleurs, des acteurs économiques : un millier d'entreprises rhônalpines ont en effet signé la pétition www.ouiaulyonturin.fr

Phasage précis

Pour beaucoup, dont la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), l'heure n'est plus à l'opposition, à la "diabolisation d'un projet bénéfique à l'économie et à l'environnement". Pour que le financement européen - le reste étant à répartir entre la France et l'Italie - intervienne à temps, Hubert du Mesnil, président de Lyon-Turin Ferroviaire (LTV), filiale de Réseau ferré de France et de Rete Ferroviaria Italiana (RFI) et promoteur de cette ligne, estime que le dossier complet (montage financier, contribution des deux pays dont 2,2 milliards d'euros sur dix ans prévus côté français) doit être prêt au printemps 2014. Il concordera alors avec l'appel à projets européen et à d'autres échéances importantes.
Dans ce scénario optimiste, les travaux de reconnaissance et travaux anticipés pourraient être poursuivis et suivis, dès 2016-2017, par les principaux travaux qui dureront dix ans. "C'est un projet de dimension européenne mais pour s'imposer face à d'autres projets d'ampleur prévus chez nos voisins, il n'y a pas mille solutions, il faut qu'il devienne populaire", défend Eliane Giraud, vice-présidente de la région Rhône-Alpes en charge des transports. Au Grand Lyon, on y voit également un "projet essentiel, qui dépasse le cadre d'une simple liaison ferroviaire, et dont les impacts en termes de report modal (2,7 millions de camions par an transitent entre la France et l'Italie) et d'économie se feront sentir dans l'ensemble des vallées alpines, d'Annecy à Chambéry". Les parlementaires insistent par ailleurs sur l'importance de ce partenaire économique qu'est l'Italie. "C'est notre second partenaire commercial", précise Yves Pozzo Di Borgo, sénateur UDI de Paris. Rapporteur du projet de loi ratifiant l'accord de 2012 sur le Lyon-Turin, il ajoute qu'en lieu et place des quelques trains par jour qui empruntent aujourd'hui la ligne historique, "ancienne et inadaptée", la ligne à grand gabarit prévue pourra, à terme et selon les projections de la SNCF, capter et convertir au rail l'équivalent en tonnages de 35.000 camions.

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