A quatre mois des élections municipales, les maires reprennent confiance et moins de trois sur dix ne souhaitent pas se représenter pour un nouveau mandat, si l'on en croit une étude du Cevipof et de l'Association des maires de France (AMF) diffusée ce jeudi 14 novembre*.

Alors que la moitié d'entre eux disait vouloir abandonner il y a tout juste un an, l'étude constate "une embellie" sur le terrain de l'engagement local. Si 28,3% des plus de 6.000 maires interrogés ne veulent pas se représenter en mars prochain, 48,7% souhaitent briguer un nouveau mandat en mars et 23% "ne savent pas encore", selon cette enquête publiée quelques jours avant l'ouverture du Congrès des maires.

Cette tendance "ne doit pas masquer le malaise de milliers de maires", mais "si les choses devaient en rester là, le scrutin 2020 ressemblerait à celui de 2014", note Martial Foucault, directeur du Cevipof (Sciences Po).

Un "effet taille" se dessine, avec près de deux fois plus d'abandons chez les maires des communes de moins de 3.500 habitants que chez les maires des communes de plus de 30.000. Mais plus le scrutin approche, "plus la volonté de poursuivre augmente".

Plus de la moitié des maires (57,3%) décident ou non de se représenter en concertation avec leur entourage politique ou familial, pour trois sur dix (31%) qui décident seuls. L'influence de l'exercice du mandat sur la vie personnelle reste par ailleurs le principal motif évoqué pour ne pas se représenter (72%). Les maires élus pour la première fois en 2014 sont plus nombreux à vouloir rempiler (57%), alors que la lassitude pointe au terme d'un deuxième (42%) ou troisième mandat (38%).

Côté bilan, 60% des maires considèrent que la situation de leur commune s'est améliorée ces cinq dernières années et neuf sur dix la jugent en bonne santé financière. Une appréciation qui tranche avec celle, plus négative, des Français, autour de 20% seulement à juger positivement la situation financière de leur commune. Si un quart des maires ne sont pas satisfaits du fonctionnement des intercommunalités, une majorité (54%) ne souhaite pas s'engager dans un processus pour changer la taille de ces dernières et redessiner des structures plus petites.

L'étude souligne enfin le caractère "quasi-bénévole de l'engagement des maires, au moins pour les communes de moins de 3.500 habitants, "soit 91% des maires de France".

Pratiquement au même moment, l'Association des petites villes de France présente sa propre enquête réalisée fin octobre auprès de ses membres, soit les maires de villes comptant entre 2.500 et 25.000 habitants. Là aussi, les maires seraient moins nombreux qu'on ne l'entendait dire jusqu'ici à vouloir jeter l'éponge.

Les trois-quarts (74%) de ces maires de petites villes envisagent en effet de se représenter. "La part importante de maires souhaitant se représenter s’explique en partie par l’important turn-over de 2014 dans les petites villes, la plupart des nouveaux élus en 2014 souhaitant effectuer un nouveau mandat", commente l'APVF.

Les raisons invoquées par les maires de petites villes qui ne souhaitent pas se représenter : la volonté de ne pas faire trop de mandats (58%), l'âge (50%), perte de marge de manœuvre financière (26,5%), manque de considération de l’Etat (20%), l’absence d’un véritable statut de l’élu (18,3%), la lassitude (16,7%), les transferts de pouvoir à l’intercommunalité (16,5%), la charge de travail (15%).

"Le nombre de maires qui ne comptent pas se représenter baisse chaque jour", indiquait mardi Sébastien Lecornu lors d'un point presse sur son projet de loi Engagement et proximité, texte dont l'un des objectifs est précisément de répondre à la "crise des vocations" et donc de favoriser les candidatures aux municipales. "On est plus optimistes qu'il y a un an", ajoutait le ministre, estimant en revanche que "le problème sera plutôt d'arriver à compléter les listes".

* L'enquête a été administrée en ligne du 12 octobre au 7 novembre, à partir d'un fichier adressé à 33.279 maires, avec un taux de réponses complètes de 13% (soit 4.355 maires) et de 18% (6.450) avec les réponses incomplètes.

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