Dans le prolongement de la réunion du comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa) de mars dernier (voir notre article du 23 mars 2021), Olivier Véran a annoncé, le 8 juillet, le lancement du "plan d'action pour la transformation de l'aide alimentaire et la lutte contre la précarité alimentaire". Celui-ci a été adopté lors d'une nouvelle réunion du Cocolupa, qui s'est tenue le jour même sous la présidence de la directrice générale de la cohésion sociale. Il s'agit en l'occurrence de mettre en œuvre les dispositions de la loi Egalim du 30 octobre 2018, qui a notamment introduit au sein du chapitre du Code de l'action sociale et des familles consacré à la lutte contre la pauvreté et les exclusions la définition de la lutte contre la précarité alimentaire.
Améliorer le pilotage et développer des filières solidaires
Le plan d'action pour la transformation de l'aide alimentaire et la lutte contre la précarité alimentaire fixe plusieurs objectifs : garantir la réponse de court terme aux situations d'urgence, répondre aux besoins essentiels de se nourrir et de nourrir les siens, prévenir la précarité alimentaire, activer les différents leviers possibles (juridique, financier, partage de l'information, capitalisation des savoirs et mutualisation des connaissances), garantir une gouvernance partagée avec les acteurs, interministérielle et territorialisée, intégrer la dignité, l'autonomie des personnes, la qualité nutritionnelle de l'alimentation et les enjeux de durabilité du système,
En pratique, le plan comporte quatre axes stratégiques. Le premier d'entre eux entend améliorer le pilotage et articuler les politiques publiques concourant à la lutte contre la précarité alimentaire. A ce titre, il prévoit de mieux caractériser la précarité alimentaire et les parcours concernés, ainsi que de clarifier la gouvernance nationale et territoriale de la politique de lutte contre la précarité alimentaire. Il est notamment envisagé de produire un document cadre décrivant l'animation régionale et départementale de cette politique, ainsi que des outils d'aide au fonctionnement des instances de coordination départementale et à leur activation en période de crise.
Le deuxième axe consiste à capitaliser sur les connaissances et savoir-faire et à contribuer au développement de filières solidaires. Il recouvre en particulier la mutualisation des bonnes pratiques pour favoriser leur essaimage et l'émergence de nouveaux modèles, le rapprochement des acteurs de l'économie sociale et solidaire intervenant sur toute la chaine (production, transformation, transport, distribution), et pour créer des partenariats autour de ces filières solidaires.
Inclusion et soutenabilité
Troisième axe : placer les personnes concernées au cœur des politiques de lutte contre la précarité alimentaire et réduire les inégalités sociales de santé liées à l'alimentation. Il suppose, entre autres, de rendre la politique de lutte contre la précarité alimentaire plus participative et inclusive et de favoriser la co-construction avec les personnes concernées. Il suppose aussi de permettre l'accès à une alimentation favorable à la santé. Ce dernier point sera travaillé en étroite association avec le programme national de l'alimentation et de la nutrition (PNAN) et le programme national nutrition santé (PNNS).
Enfin, le dernier axe consiste à consolider et accompagner les évolutions du dispositif national d'aide alimentaire, en tenant compte des enjeux de durabilité. Il importe pour cela de diversifier les sources d'approvisionnement, tout en intégrant les enjeux liés au développement durable, mais aussi d'encourager et de favoriser la création et le développement de toutes formes d'accès à l'alimentation, à la fois durables et émancipatrices pour les personnes.
L'aide alimentaire renforcée et un effort particulier pour les enfants
A l'occasion de la réunion du Cocolupa, Olivier Véran a rappelé les mesures exceptionnelles de renforcement de l'aide alimentaire en 2020 pour faire face à la crise sanitaire (voir nos articles ci-dessous). Il a aussi et surtout insisté sur le doublement des financements européens pour la période 2021-2027. "Dans un contexte qui n'est pas comparable à celui de l'année 2020", Olivier Véran a annoncé, selon les termes de son communiqué du 8 juillet, que "le gouvernement a décidé d'allouer un renfort exceptionnel supplémentaire de 12 millions d'euros, qui s'ajoute aux crédits initialement prévus pour les services déconcentrés de l'État et le Fonds européen d'aide aux plus démunis (Fead)".
Enfin, le ministre des Solidarités et de la Santé est revenu sur le cas des enfants. En effet, "plus d'un enfant sur huit issus des quartiers défavorisés arrive à l'école le ventre vide et [...] les élèves issus de familles défavorisées sont deux fois plus nombreux à ne pas manger à la cantine que les élèves issus des familles aisées et très aisées". Il a rappelé que, depuis deux ans, le gouvernement a pris "trois mesures concrètes [qui] ont ainsi fait leurs preuves et ont été encore renforcées récemment" : les petits déjeuners gratuits à l'école (près de 155.000 élèves durant l'année scolaire 2019-2020 et, malgré la crise sanitaire, près de 90.000 sur 2020-2021), la tarification sociale des cantines (près de 1,9 million de repas à 1 euro ou moins servis aux enfants des familles modestes depuis la mise en place de la mesure en avril 2019 et une hausse du soutien financier aux collectivités en avril 2021) et, enfin, le programme Malin, qui "permet à des familles en difficulté de bénéficier d'une offre de produits alimentaires de qualité et à bas prix pour les femmes enceintes et les enfants âgés de 0 à 3 ans et de conseils accessibles sur la nutrition des enfants et de la famille". Après avoir été testé sur 14 territoires, le programme Malin vient d'être généralisé à toute la France en juin 2021, avec l'ambition affichée de toucher à terme plus de 160.000 enfants.
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