Eurostat publie une étude sur la proportion de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale au sein de l'Union européenne (UE). La notion de personne "menacée de pauvreté ou d'exclusion sociale" ne doit pas être confondue avec le taux de pauvreté, qui en constitue un sous-ensemble. Elle concerne les personnes affectées par au moins une des trois conditions suivantes : en risque de pauvreté après transferts sociaux (pauvreté monétaire), en situation de privation matérielle sévère ou vivant dans des ménages à très faible intensité de travail.
Une définition plus large que le taux de pauvreté
La première catégorie correspond au taux de pauvreté monétaire (personnes vivant dans un ménage disposant d'un revenu disponible équivalent-adulte inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu disponible équivalent médian national). La seconde correspond aux personnes ayant des conditions de vie limitées par un manque de ressources et confrontées à la privation d'au moins quatre parmi neuf éléments. Ces personnes ne sont pas en mesure de : 1) payer un loyer, un prêt immobilier ou des factures courantes à temps, 2) chauffer correctement leur domicile, 3) faire face à des dépenses imprévues, 4) consommer de la viande, du poisson ou un équivalent de protéines tous les deux jours, 5) s'offrir une semaine de vacances en dehors de leur domicile, 6) posséder une voiture personnelle, 7) un lave-linge, 8) un téléviseur couleur, ou 9) un téléphone (y compris portable).
Enfin, les personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail correspondent aux individus âgés de 0 à 59 ans, vivant dans des ménages dans lesquels les adultes (âgés entre 18 et 59 ans) ont utilisé en moyenne moins de 20% de leur potentiel total de travail au cours de l'année passée. Les étudiants sont exclus de cette catégorie.
Une tendance à la baisse, mais avec de forts écarts
Les résultats montrent une tendance européenne à la baisse de la proportion de ces personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale. Après la forte hausse enregistrée entre 2009 et 2012 - conséquence de la crise de 2008 qui a fait monter le taux jusqu'à 25% de la population de l'UE -, la tendance s'est inversée à partir de 2013. En 2017, le taux est ainsi revenu à 22,5%, soit 1,2 point en dessous du chiffre de 2008 et 1 point de moins qu'en 2016. Ce taux de 22,5% représente malgré tout 112,9 millions de personnes.
Si on isole les trois critères, il apparaît qu'en 2017, une personne sur six est en situation de pauvreté monétaire au sein de l'UE (16,9% soit encore légèrement au-dessus du niveau de 16,6% en 2008). Une personne sur quatorze (6,9%) se trouve en situation de privation matérielle sévère (contre 8,5% en 2008) et une sur onze (9,3%) vit dans un ménage à très faible intensité de travail (contre 9,2% en 2008).
Comme toujours au sein de l'UE à 28, cette moyenne de 22,5% recouvre de forts écarts. Le taux va ainsi de 12,2% en République Tchèque, 15,7% en Finlande et 16,3% en Slovaquie à 34,8% en Grèce, 35,7% en Roumanie et 38,9% en Bulgarie, soit des écarts de plus de un à trois.
Si la tendance est globalement à l'amélioration à l'échelle de l'UE, les mouvements nationaux sont là aussi contradictoires. Dix Etats membres connaissent ainsi une progression de ce taux entre 2008 et 2017. C'est notamment - sans surprise - le cas de la Grèce (+6,7 points), mais aussi de l'Italie (+3,4), de l'Espagne (+2,8) et des Pays-Bas (+2,1). A l'inverse, d'autres pays enregistrent une forte baisse de la proportion de ces personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale, comme en Pologne (-11,0 points), en Roumanie (-8,5), en Lettonie (-6,0) et en Bulgarie (-5,9).
La France bien placée
Dans cet ensemble, la France est plutôt bien placée, confirmant ainsi les résultats observés sur le taux de pauvreté. En 2017, la proportion de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale est en effet de 17,1%, ce qui classe la France au cinquième rang de l'UE, juste derrière les Pays-Bas (17,0%) et à égalité avec la Slovénie. Ce taux représente néanmoins une population de 10,77 millions de personnes.
Sur les trois risques pris en compte, la France affiche un taux de 13,3% pour les personnes en risque de pauvreté monétaire après transferts sociaux (contre 12,5 % en 2008 et 16,9% de moyenne de l'UE), de 4,1% pour les situations de privation matérielle sévère (contre 5,4% et 6,9%) et de 8,1% pour les personnes vivant dans un ménage à très faible intensité de travail (contre 8,8% et 9,3%).
Ce taux français moyen de 17,1% de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale varie selon différents critères comme le sexe (17,6% pour les femmes, 16,6% pour les hommes), l'âge (22,3% chez les moins de 18 ans, 9,5% chez les 65 ans et plus), la composition du ménage (14,3% pour les ménages sans enfants, 19,5% pour ceux avec enfants) et, surtout, le statut d'activité (8,7% pour les personnes en activité, 57,1% pour celles sans emploi).
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