Avec l'hébergement et les activités locales, l’offre de mobilité est l'un des trois paramètres pris en compte par les touristes pour leur séjour. Mais si les deux premiers font aujourd’hui l’objet d’innombrables offres et applications, la mobilité y fait figure de parent pauvre. Les informations fournies par les applications touristiques restent basiques, centrées sur l’automobile et des données "froides" (1) sur les réseaux de transports en commun. Pourtant, le touriste semble la cible idéale de la "Mobilité en tant que service" – MaaS en anglais, francisé en juillet 2022 en "Mobilité par association de service" (MAS) – qui vise à proposer des offres multimodales de transports peu polluants à des tarifs attractifs.
Un cloisonnement regrettable
Pour les experts auditionnés par l’observatoire de la Maas, dont le rapport a été publié début octobre 2022, le cloisonnement des secteurs transport et tourisme est le premier responsable de cet état de fait. "La concertation entre acteurs du tourisme et de la mobilité est encore exceptionnelle" ; "les solutions de Mas sont souvent pensées pour les déplacements du quotidien", note le rapport. Or paradoxalement, régions et intercommunalités exercent des missions en matière de mobilité comme de développement touristique… Les synergies passeraient donc avant tout par davantage de dialogue entre leurs services et la définition de stratégies numériques communes. Autre souci, "un cadre de régulation qui n’est pas complet", certains modes de mobilité touristique échappant au cadre général de régulation publique. Le rapport cite en exemple le Train jaune dans les Pyrénées-Orientales, opéré par la SNCF, qui a une tarification spécifique et ne figure pas dans LiO, l’application Mas régionale.
Echanges de données
Le touriste doit aussi jongler entre de multiples plateformes pour gérer déplacements et réservations. En créant des passerelles, il y aurait matière à améliorer l’expérience utilisateur tout en contribuant au "tourisme durable". Car aujourd’hui 75% des touristes voyagent en voiture. Pour renforcer les synergies entre tourisme et mobilité durable, le rapport dresse plusieurs pistes. La première porte sur les échanges de données entre les deux secteurs. Il s’agirait de travailler sur des nomenclatures communes, pour faciliter les croisements de données, par exemple entre sites touristiques et arrêts de transport. Les données en temps réel et de tarification pourraient également venir enrichir la base nationale open data Datatourisme. Les applications Mas gagneraient de leur côté à intégrer – comme le proposent des acteurs comme GoogleMaps ou City Mapper – des informations touristiques et sur la fréquentation des sites.
Répartition de la valeur
Les offres de Pass dédiés aux touristes, comme le proposent Limoges, Grenoble ou Rennes restent par ailleurs peu développées en dehors des grandes agglomérations. Le rapport incite à la mise en place de forfaits tout compris et recommande d’éviter à un visiteur de se demander "si un pass est moins cher que des achats à l’unité". Ces offres passent cependant par l’élaboration "d’un modèle qui permette à chacun de recevoir le paiement de ces services, en incluant des commissions de revendeur, tout en conservant une offre attractive pour l’utilisateur final". Elles ne doivent pas non plus omettre la création d’un service après-vente capable de répondre aux besoins spécifiques de ces usagers.
Transport à la demande
Quant aux destinations excentrées du cœur des agglomérations et éloignées d’un arrêt de transport en commun, le rapport préconise de développer le transport à la demande (TAD) - en complément de l'offre taxi, VTC, minibus…- avec des tarifs différents du TAD destinés aux transports quotidiens. L'accès à des tarifs préférentiels (âge, étudiant…) sur présentation de justificatif pour les transports et les sites touristiques d’une même zone gagnerait enfin à être simplifié en s’appuyant sur des identités numériques pour éviter d'avoir à redemander des justificatifs. Enfin, le rapport évoque la nécessité de disposer d'une bonne couverture mobile pour que ces services numériques fonctionnent partout et notamment dans les réseaux de transport.
(1) Dans le langage de la communauté informatique d'aujourd'hui, les données froides (Cold Data) sont des données qui ne sont pas fréquemment consultées ou utilisées activement. Ce sont des données qui peuvent être collectées et rester longtemps dans un conteneur virtuel.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFop6itomLApnnDnq2epJ%2Blvaa%2BjJ2Yp6tdobJuwM6uqaKrnZp6ra2MpqaboZyewaZ50p6pr6GTnrKtuMRmm6ihpGKwor%2FSnqlmpJWoerS1y6iq