Le "vert en ville" a le vent en poupe. Mais que font précisément les villes pour protéger la biodiversité ? En collaboration avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO), l'Observatoire des villes vertes, une initiative portée par l'Union nationale des entreprises du paysage (Unep) et Hortis qui réunit les responsables d'espace nature en ville, a interrogé à ce sujet 24 villes françaises* particulièrement engagées sur la place de la nature en milieu urbain. Les résultats de cette étude réalisée en ligne du 18 mars au 24 avril montrent que la totalité de ces villes ont inventorié la faune et la flore présentes sur leur territoire. Quinze d'entre elles ont déjà mis en place un plan biodiversité unifié et global. Les actions les plus courantes pour protéger la biodiversité sont la lutte contre les espèces invasives (22 villes sur 24), la création de "continuités écologiques (21 villes), une gestion alternative des eaux pluviales (21 villes) et la végétalisation des infrastructures grises (19 villes).
En revanche, seules 6 villes ont déjà introduit un coefficient de biotope dans leur plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi), alors qu'il s'agit d'un des leviers les plus efficaces pour favoriser la nature en ville, en imposant une part de surfaces non imperméabilisées et végétalisées aux projets d'urbanisme, relèvent les auteurs de l'étude. Ils regrettent aussi le manque, dans plusieurs villes, de mécanismes de mesure de l'efficacité des politiques de préservation de la biodiversité, considérés comme indispensables à l'optimisation et à la pertinence des plans biodiversité dans le temps.
Mobilisation accrue des élus
Du côté des élus, l'étude fait ressortir une mobilisation accrue en faveur de la biodiversité, à l'approche des municipales de 2020. Dans 10 villes sur 24, cette politique est impulsée par les maires eux-mêmes. L'étude cite notamment l'exemple de Limoges qui a fait de la protection de la biodiversité sa priorité dans le cadre de son "Agenda 2030" qui comporte 17 autres objectifs de développement durable et de Nantes qui a mis en place un "Comité d'experts" dédié à la biodiversité de la ville ainsi qu'une "commission biodiversité" trimestrielle pour accélérer la mise en place de solutions concrètes. Mais dans 12 villes sur 24, ce sont les directions des services espaces verts qui mettent en place et portent cette mission de protection de la biodiversité. Il arrive que de nouvelles directions fassent leur apparition dans les mairies pour intervenir sur cette thématique, comme à Orléans qui s'est dotée d'une Direction environnement et prévention des risques ou à Brest, qui dispose qui dispose d'une Direction de l'écologie urbaine.
Pour 19 villes interrogées sur 24, cette mobilisation a eu des effets positifs déjà visibles, note l'étude. La communauté urbaine de Caen-la-Mer a ainsi vu apparaître 8 nouvelles espèces d'orchidées sauvages depuis l'arrêt de l'utilisation de produits phytosanitaires en janvier 2017. Autre exemple : Grenoble qui, dans le cadre de son budget participatif 2016, a mis en œuvre une démarche d'éco-pâturage pour lutter contre l'emprise progressive de la végétation "arbustive" qui nuirait à la biodiversité.
Actions de sensibilisation des habitants
Enfin, les autorités locales ont compris que la préservation de la biodiversité passe par une sensibilisation accrue de tous les habitants, font valoir les promoteurs de l'étude. Toutes les villes du panel de l'Observatoire considèrent que les espaces verts sont les vecteurs privilégiés de la sensibilisation du public à la préservation de la biodiversité en milieu urbain. Les outils de sensibilisation passent autant par la formation des collaborateurs de la ville à l'écologie urbaine, mise en place par 20 villes sur 24, que par la mise ne place d'ateliers pour les scolaires ou le grand public (22 villes) et l'installation de panneaux d'information (22 villes). 19 villes ont en outre choisi d'organiser régulièrement des événements et des temps forts grand public dédiés à la biodiversité. Parmi ces initiatives, celles de la ville de Metz qui a installé des ruches en milieu urbain et agricole pour contribuer à la protection des abeilles et de la ville de Paris qui a multiplié les temps forts biodiversité ces dernières années à travers des rendez-vous annuels (Fête du miel, "Faites le Paris de la biodiversité" ou encore Nuit de la biodiversité).
*Amiens, Angers, Besançon, Bordeaux, Bourges, Brest, Caen-la-Mer, Créteil, Dijon, Grenoble, Limoges, Marseille, Metz, Montigny-lès-Metz, Nantes, Nice, Nîmes, Orléans, Paris, Poitiers, Reims, Tourcoing, Tours, Vitry.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFop6unpJqwtbXOp2SdnV2hrm66wK2sq51dmrtuwsilo55loaqybrLOp6tmpJWoeqS7y6WcnKyZq7a1sdJmo56rXaW5tr%2BMnqWgmZeasrQ%3D