La France n'a pas tenu ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre en 2016, selon un bilan provisoire  publié ce 22 janvier par le ministère de la Transition écologique. Après avoir atteint "sans marge" son objectif de 2015, la France a émis 463 millions de tonnes de gaz à effet de serre (en équivalent CO2) en 2016, soit 3,6% de plus que ce qui était prévu, le dérapage venant essentiellement des secteurs du transport et du bâtiment. Les émissions ont toutefois baissé de 15,3% par rapport à leur niveau de 1990. Il s'agit du "premier écart à la trajectoire", définie dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui fixe chaque année un "budget carbone" à respecter afin d'atteindre une baisse de 27% des émissions de gaz à effet de serre en 2028 par rapport à 2013, et de -75% d'ici 2050.

Eléments conjoncturels

Cet écart s'explique essentiellement par des éléments conjoncturels, comme le faible prix des produits pétroliers "qui incite à la consommation", et l'indisponibilité de certaines centrales nucléaires "qui a provoqué un recours accru aux centrales" à charbon et à gaz, selon le document mis en ligne par le ministère. "Certains indicateurs sectoriels s'écartent dès 2015 de la trajectoire de référence de la SNBC", notamment dans le bâtiment et les transports, relève-t-il.
Ces résultats impliquent que la France "ne peut pas avoir un regard prétentieux" vis-à-vis du reste du monde, a estimé le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. "Nous avons nous-mêmes nos propres contradictions", a-t-il dit ce 22 janvier lors de ses voeux à la presse. "Un renforcement des actions apparaît donc nécessaire pour rester en phase avec nos objectifs", indique le ministère.

Dérapage du bâtiment

Les émissions de gaz à effet de serre françaises proviennent essentiellement des transports (29%), de l'agriculture (20%) et du bâtiment (19%), et tous ont engendré plus d'émissions que ce qu'ils auraient dû. En termes de hausse, la palme revient au secteur du bâtiment, dont les émissions sont globalement stables depuis 1990 mais ont dérapé de 11% par rapport à l'objectif, les ménages ayant eu plus recours aux énergies carbonées pour le chauffage.
Dans les transports, les émissions sont 6% supérieures à ce qui était attendu et en hausse de 12,4% depuis 1990, et elles sont 3% trop élevées dans l'agriculture. A l'inverse, celles issues de l'industrie sont globalement conformes aux attentes grâce au développement de "nouvelles technologies de production", tandis que celles venues de l'énergie et des déchets sont inférieures au plafond prévu.
Le ministère de la Transition écologique met en avant les mesures de son Plan Climat pour améliorer la performance française. Le gouvernement a décidé d'accélérer la montée en puissance du prix du carbone, de soutenir le remplacement des véhicules à forte émission de gaz à effet de serre par des véhicules moins polluants ou encore de renforcer la rénovation énergétique des bâtiments. Quant à la Stratégie nationale bas carbone, elle doit être révisée cette année, notamment pour y inclure l'objectif ambitieux de neutralité carbone à l'horizon 2050.

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