"Pour l'instant, c'est tendu mais maîtrisé, mais nous devons être très vigilants", a déclaré Emmanuelle Wargon, à l'issue d'un "comité de suivi hydrologique" rassemblant les acteurs de la gestion de l'eau qui s'est réuni au ministère de la Transition écologique, en présence de la ministre, Élisabeth Borne.
Alors que les nappes phréatiques ont commencé l'été à des niveaux moyens ou sous la moyenne et que la canicule assèche encore les surfaces, la secrétaire d'État en a appelé "au civisme" de chacun pour éviter de gaspiller l'eau. La situation "est tendue à certains endroits en particulier, autour de la Loire, dans le Sud-Ouest et dans une moindre mesure le Sud-Est", a dit Emmanuelle Wargon. "Mais toutes les mesures de gestion, d'alerte et de partage ont été prises", a-t-elle ajouté, évoquant notamment les arrêtés de restriction d'eau "pour que nous soyons en capacité d'alimenter toute la France en eau potable pendant toute cette période estivale".
Quelque 73 départements sont concernés par des restrictions, à des degrés divers. "Il est tout à fait possible qu'on ait des arrêtés de restrictions supplémentaires, soit dans des zones qui ne sont pas en crise mais qui pourraient l'être, soit dans des zones qui ont des restrictions intermédiaires et pour lesquelles on aura peut-être besoin de restreindre plus", a indiqué la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique.

"Nappes fragilisées"

"Je voudrais vraiment faire un appel au civisme et à l'économie pour tout le monde", a-t-elle ajouté. "Chacun peut contribuer à ce que cette période se passe bien, en évitant de gaspiller l'eau. C'est un bien précieux dans cette période, et relativement rare." "Nous avons compris qu'au-delà de la période de l'été, nous aurions peut-être des tensions encore à la rentrée, le temps que la pluie revienne et que les nappes et cours d'eau puissent se recharger. Donc ce n'est pas qu'un sujet de canicule et de grande chaleur, ça risque vraiment de continuer quelque temps, tant que le temps est sec." Selon elle, "la question est aujourd'hui celle de la recharge de ces nappes : est-ce qu'il va pleuvoir suffisamment dans les mois qui viennent ? Car si nous commençons un nouveau cycle avec des nappes fragilisées et que de nouveau il pleut moins, là on pourra s'attendre à des épisodes aussi tendus dans les mois, voire l'année qui vient". Depuis septembre 2018, le déficit pluviométrique est de 20% en moyenne sur la France, notait Météo-France dans son bilan hydrologique de début juillet.

Retenues d'eau à multi-usages

Alors qu'Emmanuelle Wargon appelait à économiser l'eau, Didier Guillaume a indiqué devant le Sénat que le gouvernement voulait faciliter les retenues d'eau pour l'irrigation alors que ces projets sont régulièrement attaqués devant les tribunaux administratifs. Le ministre de l'Agriculture a rappelé avoir envoyé, avec le ministère de la Transition écologique et solidaire, une instruction dans tous les départements le mois dernier "pour autoriser la construction de retenues d'eau à multi-usages qui doivent permettre l'irrigation de l'agriculture". "Chaque fois qu'il y a un projet qui est mis en place, il y a d'abord un comité de défense qui se met en place avant que le projet soit connu, et puis dès que le projet est en place, il y a un recours au tribunal administratif qui fait que ça fait parfois sauter les décisions", a remarqué le ministre. "C'est la raison pour laquelle le gouvernement sera preneur d'une PPL (proposition de loi), pour assurer le fait que nous puissions tenir", a-t-il expliqué, indiquant que l'exécutif avait fait appel de deux décisions, en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres.
Le ministre a affirmé que l'agriculture utilisait aujourd'hui "30% de moins d'eau aujourd'hui qu'il y a 10 ou 15 ans", notamment grâce à des nouvelles techniques. En France, la surface irriguée (1,6 million d'hectares) représente moins de 6% de la surface agricole utile, selon un chiffre communiqué fin 2018 par Claude Cochonneau, qui préside l'association des chambres d'agriculture. "S'il y avait eu des prairies des champs irrigués, les bêtes auraient pu aller pâturer", a déploré Didier Guillaume, alors que nombre d'éleveurs peinent à nourrir leurs élevages, faute de fourrages. "Aujourd'hui, je veux affirmer devant le Sénat que l'agriculture sera résiliente si elle est irriguée, ou elle ne sera plus, et il y a un grand pan de l'agriculture qui disparaîtra", a déclaré le ministre.

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