Le Centre national des variétés (CNV), créé en 2002, publie son rapport d'activité 2018. Cet organisme est notamment chargé de soutenir le spectacle vivant de musiques actuelles, de jazz et de variétés, grâce aux fonds collectés par le biais de la taxe sur les spectacles et redistribués sous la forme d'aides financières aux porteurs de projets. A ce titre, le montant de la taxe collectée est un bon indicateur de la santé de ce secteur culturel, qui bénéficie également d'un fort soutien de la part des collectivités territoriales (voir notre article ci-dessous du 5 mars 2019).
L'heure n'est pas au pessimisme
Dans leur éditorial, le président et le directeur du CNV reconnaissent que "l'année 2018 marque, pour la première fois depuis la création du CNV, un léger fléchissement de la perception de la taxe fiscale". Pour autant l'heure n'est pas au pessimisme. Pour les deux responsables, en effet, "ce retrait s'explique notamment par le nombre moins important de représentations données dans les très grandes jauges en 2018. Ce phénomène conjoncturel, lié à la saisonnalité des tournées des artistes à forte notoriété et internationaux, peut avoir un impact sensible sur les chiffres de la perception, de surcroît si les petites et moyennes représentations ne prennent pas le relais comme ce fut le cas les années précédentes". Le CNV estime par ailleurs que la bascule de l'outil de perception de la taxe dans un nouveau système d'information a pu également perturber l'activité du service.
En termes quantitatifs, le montant de la taxe perçue a reculé l'an dernier de 2%, à 31,9 millions d'euros, tandis que celui des redevables de la taxe a baissé de 16% à 2.949. Le CNV explique cette forte baisse par "la mise en production de l'outil informatique" et non par une diminution du nombre de spectacles. Pour sa part, le nombre de représentations (78.563) affiche un recul de seulement 3% sur 2018.
Côté redistribution, les aides du CNV ont atteint l'an dernier 31,5 millions d'euros (+10%), au bénéfice de 1.021 structures (+7%). En nombre de dossiers, ces financements ont pris essentiellement la forme d'aides non remboursables (961 dossiers, contre 60 pour les aides remboursables). La répartition est en revanche très différente en ce qui concerne les montants octroyés, avec respectivement 10,5 et 11,7 millions d'euros.
Dernière année pour le fonds d'urgence
L'année 2018 est aussi la dernière pour le Fonds d'urgence du spectacle vivant, mis en œuvre par le ministère de la culture et le CNV au lendemain des attentats du Bataclan et de la chute de fréquentation qui s'en est suivie. Sa mission était de permettre aux entreprises de spectacles de financer la sécurisation de leurs représentations.
Cette fermeture au 31 décembre 2018 est l'occasion, pour le CNV, de dresser un bilan de ce dispositif. Le rapport estime que "le Fonds d'urgence a indéniablement permis de soutenir les entrepreneurs de spectacles dans la mise en œuvre de mesures et de dispositifs de sécurisation de leurs représentations". Prévu dès l'origine pour durer trois ans, le fonds a bénéficié au total d'un apport de 22,2 millions d'euros, provenant principalement du ministère de la Culture (14,7 millions d'euros), du CNV (4 millions), de la Sacem (1 million), de l'Adami (871.000 euros) et de la ville de Paris (750.000 euros).
Au final, le fonds d'urgence a soutenu 994 dossiers et octroyé des aides à hauteur de 20,6 millions d'euros (dont 19,2 millions d'aides non remboursables). Le rapport relève qu'"en moyenne, le comité d'engagement a attribué 19.417 euros par dossier, avec des montants unitaires allant de 384 euros à 130.000 euros". Seul bémol à ce résultat, comme le souligne d'ailleurs le rapport : "Ces coûts [de sécurisation, ndlr], désormais structurels, restent encore très difficiles à assumer". Et sur ce point, Le Fonds d'intervention pour la sûreté des sites et des manifestations culturels, créé par un décret du 18 mars 2019 et doté de 1,5 million d'euros (voir notre article ci-dessous du 20 mars 2019), ne semble pas tout à fait à la hauteur des enjeux, comme en témoignent les tensions persistantes entre les organisations du spectacle vivant, soutenues par le ministère de la Culture, et le ministère de l'Intérieur sur la question des coûts de sécurisation des festivals (voir nos articles ci-dessous du 21 février et 19 avril 2019).
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