Chaque année depuis 2011, en février, la communauté de communes de Montesquieu (Gironde, 13 communes, 37.668 habitants) donne le coup d'envoi de son festival du film de prévention. Le public cible : les jeunes, notamment du collège. Les acteurs, scénaristes, metteurs en scène, monteurs : encore et uniquement des jeunes. Le jury : exclusivement composé de jeunes. Ceux-là même qui siègent au conseil intercommunal de prévention de la délinquance (CISPD). C'est d'ailleurs du CISPD que tout est parti.
Tout est parti du conseil intercommunal de prévention de la délinquance
"Les équipes éducatives des collèges et les responsables jeunesses des différentes communes nous faisaient part de situations liées aux conduites addictives, ou au non-respect de la sécurité routière, des cas de violences ou de harcèlement, explique Emmanuel Fouilloux, coordinateur jeunesse de la communauté de communes. Rien de grave ni de massif, mais une récurrence inquiétante tout de même."
Le festival du film de prévention fait partie de ces actions que les élus - tant les jeunes du CISPD que de la communauté de communes - ont souhaité développer pour faire œuvre de pédagogie. Une quinzaine de courts-métrages sont réalisés chaque année. Le tout pour un coût raisonnable au regard des enjeux. La collectivité consacre 10.000 euros par an pour la mise à disposition du le matériel et la prestation de l’animateur pendant les stages. (voir ci-dessous)
Mise à disposition de moyens matériel et stages de formation pour les candidats
La communauté de communes met à disposition des candidats les équipements : caméscope, ordinateur, enregistrement numérique, lumière. Des stages vidéo de 5 jours sont organisés dans les communes et collèges volontaires, pendant les vacances d'hiver et de printemps, pour que les jeunes apprennent l'écriture du scénario, le tournage, le montage. Jusque-là, cinq stages étaient proposés chaque année, en 2014, une centaine de jeunes les ont suivis. "Sans doute parce que les élus comme les établissements scolaires prennent davantage conscience de la nécessité de structurer l'offre éducative", commente le coordinateur jeunesse.
Remise des prix en mai/juin pour des projections en ciné-plein air et à la rentrée
Seule figure imposée aux jeunes, le format (entre 1 minute 30 et 10mn) et le thème général : la prévention. Tous les films, reçus avant début juin, sont visionnés par un jury qui en distingue plusieurs parmi la quinzaine réalisés chaque année, les catégories étant définies par le jury des jeunes élus du CISPD. La remise des prix a lieu en juin au sein du seul cinéma du territoire, avant la fin de l'année scolaire, de telle sorte que tous les films puissent ensuite être projetés dans la foulée : l’été en première partie des séances de ciné en plein air, à la rentrée lors des forums associatifs organisés sur les différentes communes.
Réseaux sociaux ou addiction aux jeux vidéo, les jeunes donnent le ton
La prévention, vaste sujet ! Le règlement du festival précise que les jeunes peuvent aborder plus spécifiquement les risques d'internet, la violence à l'école et le vivre-ensemble, les conduites addictives ou encore la sécurité routière. "Ce ne sont que des pistes, il n'y a aucun interdit", insiste le coordinateur Jeunesse, hormis bien sûr de ne pas véhiculer de propos discriminants, racistes, etc. Progressivement, les jeunes ont "mis leur patte" sur le choix des sujets.
Si les premières années, les jeunes traitaient plus facilement de la prévention routière ou des conduites addictives, ils ont ensuite davantage creusé la question des réseaux sociaux ou de l’addiction aux jeux vidéo. Le ton est également libre. Souvent décalé, jouant aussi de l'autodérision, en tout cas jamais moralisateur.
Le mieux est certainement d'aller regarder ces courts métrages, sur le site Webattitudes. Un site par, pour et avec les jeunes puisque c'est la communauté de communes qui le gère, en lien avec les jeunes du CISPD, (qui se réunissent une fois par mois).
Quel impact sur les jeunes ?
Voilà bien la question à laquelle il n'y a pas de réponse précise. "Nous suivons les statistiques de la gendarmerie. Mais comment savoir ce qui a eu un impact sur des comportements déviants ?" s'interroge le coordinateur Jeunesse. En revanche, "ces statistiques montrent que nous restons sur un territoire moins touché que la moyenne par la délinquance".
Les enseignants et des éducateurs ont un avis très positif sur l’efficacité du dispositif. Car il leur semble que ces messages produits par les jeunes, en s'écartant du prisme des adultes, sont mieux entendus. Par ailleurs, ces courts-métrages projetés en début de débats entraînent souvent des échanges plus riches et plus faciles.
Enfin, ce festival soutient le développement des politiques Jeunesse dans les communes du territoire. C'est le cas d’une des communes qui accueillera cette année pour la première fois un stage vidéo, une occasion de faire connaître son nouveau Point rencontres jeunes.
Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
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